La Bibliodiversité, définition et applications
Le principe même de bibliodiversité qui mêle biodiversité et bibliographie, est à mettre en corrélation avec l’écologie symbolique. Le livre est un passeur d’histoires et de pensées, un objet qui transite, s'échange et se partage.
Selon l’Association pour l’écologie du livre, « le livre convoque autour de lui de nombreux autres acteurs et actrices », « la bibliodiversité est profondément écologique, en cela qu’elle se fabrique avec les marges (linguistiques, culturelles et politiques) et depuis des réalités situées. »
Finalement, la bibliodiversité, c’est écouter toutes les voix qui façonnent les pensées et la philosophie du monde dans le but d’éviter la « monoculture de l’esprit ».
Les rencontres réalisées avec des professionnel.le.s du territoire ont permis de se rendre compte de la bibliodiversité, de la forme et de la place qu’elle prend dans les divers lieux. Une sémantique différentes pour chaque endroit : politique documentaire en bibliothèque, fonds en librairie et catalogue en maison d’édition.
Dans des librairies comme Maison Marguerite (Nantes), Myriagone (Angers), les Bien-Aimé.es (Nantes) ou le Rideau Rouge (Paris), les libraires donnent la voix aux petites maisons d’éditions indépendantes, dans les achats de nouveautés et la culture du fonds. Elles cultivent largement une offre en lien avec des sujets de société et d'actualité: écologie, féminismes, décolonialisme...
Maison Marguerite et la librairie Ratatosk (Erdre-en-Anjou) ont ancré la mise en avant de maisons d’édition locale dans leur boutique. Ratatosk fonctionne en achat ferme et dans un système de dépôt avec une grande partie des maisons d’éditions de la région, il s’assure de toujours avoir un fonds disponible pour les titres de ces éditeur-ice.s.
En bibliothèque, la bibliodiversité s’exprime par la politique documentaire mise en place dans l’établissement mais aussi par la médiation qu’elle pourra faire autour de certains ouvrages. En région, la médiathèque l’Echappée aux Sorinières, la Bibliothèque universitaire de l’UCO à Angers ou la Bibliothèque universitaire de La Roche-sur-Yon ont la volonté de mettre en avant les humanités écologiques.
Côté édition, la prise en compte de ce concept est essentielle dans la production de textes et la promotion de certain.e.s auteur.ice.s qui oeuvrent pour l’écologie du livre. La Mer Salée publie des textes fictionnels et écologiques, La Cabane bleue transmet dans ses livres des valeurs écologiques à destination des enfants. En Bretagne, les Editions du Commun ou le Passager Clandestin publient des pensées et des idées militantes. La maison d’édition nantaise A la Criée, en résonance à la bibliodiversité, parle de « littéracie » pour qualifier le contenu des textes publiés dont l’intérêt est de partir d’une réalité sociale, d’écrire et d'éditer autour.
Cette bibliodiversité permet de préserver la diversité éditoriale et de limiter l'occupation spatiale et intellectuelle de grands groupes d'édition et qui selon Andréa de la librairie Myriagone « empêchent les plus petites plantes de pousser ».
Pour tout partage d'expérience en lien avec la bibliodiversité, n'hésitez pas à contacter Mélanie Cronier : melanie.cronier@mobilis-paysdelaloire.fr
Pour aller plus loin :
- Alliance Internationale de l’édition indépendante : « La coédition solidaire : historique et mécanismes »
- Alliance des éditeurs indépendants : « Babelica 2023 »
- Conférence sur la bibliodiversité à la foire du livre
- Susan Hawthorne : « Bibliodiversité, manifeste pour une édition indépendante »
- Association pour l’écologie du livre : « Le livre est-il écologique ? matières, artisans, fictions », ed. Wildproject
- Alliance Internationale de l’édition indépendante : « Guide des bonnes pratiques »
- Mediapart : « Une réponse anticapitaliste et antipatriarcale à la crise du livre »
- Mediapart : « Le féminisme est aussi une affaire d’édition »