La Maison de la Poésie à Nantes : une vision

Publié le 23/05/2016 par Antoinette Bois de Chesne
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Depuis 30 ans, cette Maison diffuse de la poésie contemporaine à destination de tous les publics. Mais quelle est sa vision de cette poésie ? Quelles convictions l’animent dans les partages qu’elle propose ?

Rencontre avec  Magali Brazil, directrice, et Alain Girard-Daudon, président.

Qu’est-ce que la poésie contemporaine ? 

Magali Brazil : La poésie est indéfinissable, elle fait acte de création avec la langue. Nous défendons le libre accès à cette poésie par nos actions, il n’est pas nécessaire d’avoir un bagage culturel ou universitaire pour y être sensible. Notre travail est de faire tomber les a priori attachés à la poésie, souvent vue soit comme ringarde soit comme élitiste.

D’où vient ce partage des genres artistiques programmé ? 

M. B. : La poésie depuis toujours a ses liens historiques avec le son, la musique, les arts visuels. Au départ la poésie était orale – les troubadours. Certains poètes travaillent plus la dimension sonore, de plus en plus des poètes vont vers la musique et du côté des arts visuels, le poème a, en soi, une forme plastique sur la page, ce sont des cousinages naturels et créatifs de la poésie. 

Que vous apportent vos partenariats locaux, régionaux et nationaux ?

M. B. : Notre façon de travailler est de tisser des liens à tous ces niveaux géographiques. C’est être plus fort que de travailler à plusieurs, ça permet aussi de se mettre à distance par rapport à son propre travail. L’identité du lieu se nourrit aussi de ces rencontres et de ces passerelles. 

La poésie n’est-elle pas une forme militante de la langue ? 

M. B. : Dans la mesure où c’est le lieu de création avec les mots par excellence, la poésie est le lieu de total liberté. En ce sens elle est impérissable. Même si elle ne se vend pas, elle est vivante, elle a un rôle, particulièrement dans le contexte social actuel. Sur le thème du partage, faire se confronter la poésie à d’autres genres, à d’autres questions, à d’autres mondes est une envie forte de la maison.
Depuis cette année nous avons décidé de proposer un espace de paroles aux poètes en résonnance avec des évènements majeurs qui agitent le monde d'aujourd’hui. On l’a fait à l’occasion de la COP21 sur la question écologique. Ça a très bien marché et c’est quelque chose qu’on va reconduire. Là aussi c’est une forme de militantisme par rapport au traitement de l’information médiatique. Ça nous a effectivement ouvert à plein d’autres partenaires de l’écologie qui n’osaient pas s’intéresser à la poésie et qui se sont emparés de cet événement pour la découvrir. 

Etre président depuis 2 ans, ça fait quoi ? 

Alain Girard-Daudon : C’était l’aboutissement d’un chemin qu’on a mené ensemble depuis longtemps, pour ma part en tant que libraire. À Vent d’Ouest, il y a toujours eu un grand rayon de poésie défiant toute rentabilité, mais ça fait partie de l’image de la  librairie d’avoir des rayons dits difficiles (théâtre, sciences humaines, poésie). Et donc je travaille depuis fort longtemps avec la Maison en tant que libraire et membre du CA. Quand on m’a proposé le siège de Président il y a deux ans, je ne m’y attendais pas du tout. Pour moi c’était un honneur, un plaisir, une reconnaissance, une marque d’amitié et de confiance. Ce n’est pas difficile d’être président d’une association qui marche hyper bien ! Parce que le partage entre nous fonctionne bien aussi.

M. B. : Le Conseil d’administration est la force de la Maison de la Poésie, il y a toujours eu l’idée de participer à la réflexion de façon désintéressée, avec des discussions passionnantes. Le partage commence à l’intérieur, avec une énergie commune.

 

 

 

 

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