🚨 Culture en Crise 🚨

Les très riches heures de la Maison Julien Gracq
. Rencontre avec Cathie Barreau.

Publié le 23/05/2016 par Antoinette Bois de Chesne
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Avant tout lieu de résidence d’écrivains, la Maison fait de la littérature un carrefour où se croisent recherche artistique et scientifique, réflexion avec le monde de l’entreprise, creuset de transmission et de résistances.

La Maison Gracq évoque par son identité l’étymologie première de ce verbe partager : partaigier, employé pour parler d’un bateau en partance. Retour sur cette belle aventure avec Cathie Barreau, capitaine du navire.

« Ici chaque action a à voir avec le partage à un moment donné ou à un autre » pose Cathie Barreau d’emblée. Les résidences incarnent la volonté de Julien Gracq « d’un lieu de repos et de travail pour les écrivains. » Elle y voit « ce passage d’une littérature de patrimoine à une littérature contemporaine » qu’incarne par ailleurs la Grande Bibliothèque réunissant une partie des livres de Julien Gracq, les sélections de livres proposées par de grands lecteurs, et des ouvrages des auteurs des résidences. Cette idée de passage « c’est aussi le sens de la Maison : comment ces passages-là se font, comment on traverse la Loire, comment on traverse la littérature, comment on traverse le livre. »

Elle invite les auteurs en résidences longues à produire un travail commun à destination du public, même si « ils ne se connaissent pas et n’ont parfois rien en commun à première vue. Le pari c’est qu’ils proposent quelque chose ensemble et c’est formidable. »

Partage, passage et création incarnent une certaine idée de la résistance  dans notre époque troublée. « Il y a une joie dans la création qui n’est pas du tout à la mode, comme la bienveillance, c’est pour moi le lieu de la résistance contre ce qu’on ne cesse d’entendre, les choses abominables qui se déroulent. Brecht disait des écrivains que s’ils arrivent à les raconter, à les écrire, c’est qu’il reste de la joie en eux. C’est là-dessus qu’il faut s’appuyer. Et ici c’est un lieu pour ça. »

De la même façon les partenariats mis en place - du local à l’international via la Francophonie et le national avec d’autres structures du livre - permettent de partager les frais sur les actions, mais développent aussi  « une fraternité, la résistance est là aussi, silencieuse mais en travail. Nous ne somme pas enfermés sur nous-mêmes à faire une programmation entre nous, c’est un lieu ouvert. » Pour témoin de cette ouverture, les actions mises en place avec la science car « c’est de la pensée et du langage donc ça nous intéresse : sciences, techniques, littérature, ce sont des espaces de savoir qui ont à faire ensemble. »

Autre passerelle inattendue, le monde de l’entreprise : « ce fossé qu’il peut y avoir entre un monde intellectuel qui cherche, lui, à produire de la pensée et l’entreprise qui cherche à faire des bénéfices est une vision réduite des choses. Ce qui nous réunit, c’est le langage, langage d’entreprise, langage de la littérature, comment les choses peuvent-elles se conjuguer ? »

Cette transmission au cœur des projets de la Maison Gracq s’incarne dans les actions sous la forme de journée pédagogique à destination des enfants et de la jeunesse : « suite à une visite organisée avec l’école de Saint-Florent, j’ai été très  heureuse de les entendre dire dans le village que c’était “ leur ” maison. Pour moi le pari est gagné. »

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