Que détruit-on quand on détruit une ville ?
Marie-Hélène Prouteau traitera de la "Lamentation sur la ruine d'Ur" en Mésopotamie et de la notion de "guerre totale". Ce grand poème sumérien de quatre millénaires est une des oeuvres sur la ruine des villes préfigurant les Lamentations bibliques. Version qui se trouve sur la tablette d'argile au Louvre et montre le désastre jusqu'au coeur des rituels et institutions, si symboliques de la communauté des hommes et des dieux.En montrant l'Autre de la scène guerrière, la mort de la ville matérielle et immatérielle, c'est la puissance illimitée de la guerre que cette Lamentation met en lumière. Avec une grandeur dans l'affliction qui touche à l'universel.
Au commencement de l'Histoire à Sumer, voici un modèle premier qui permet de questionner : comment la guerre totale parvient-elle à "détruire le monde des relations entre les hommes" selon la pensée d'Hannah Arendt qui sera présentée ici, comme les écrivains S.Dagerman et WG.Sebald sur les villes allemandes en 1945. Ainsi que la notion d'"urbicide", à Sarajevo, Palmyre, Alep...
Marie-Hélène Prouteau travaille le thème de la guerre depuis longtemps. En 1987, un travail universitaire sur "Les Romancières et la 2è guerre - M.Duras, E.Morante, E.Triolet, A.Seghers". En 2014, un roman "Les Balcons de la Loire" qui évoque la guerre en Tchétchénie et les trains de déportés en France. En 2019, un livre de proses sur les deux guerres, "Le Coeur est une place forte" dont le titre est emprunté à Paul Celan écrivant à Brest en 1961.