Les éditions Vide Cocagne sont nées d’une passion de ses fondateurs, Fabien Grolleau et Thierry Bedouet pour l’univers des fanzines.
Ces autodidactes de la bédé décident en 2003 de monter une association pour publier leurs premières productions dessinées. Dès le début, l’envie de relater un quotidien bien ancré dans le réel donne le ton de leurs chroniques.
Thierry : « Au fil des rencontres, des festivals, l’idée de se transformer en maison d’éditions associative a fait son chemin et les éditions Vide Cocagne ont vu le jour en 2010. »
Dans la foulée naît Soudain, la collection phare de Vide Cocagne, composée d’histoires du quotidien et de chroniques sociales.
Thierry : « Notre premier livre important, ça a été Les Désobéisseurs du service public. Des profs ont pris contact avec nous pour parler de leurs problèmes au sein de l’éducation nationale ; ils avaient décidé d’utiliser une forme différente de celles plus habituelles des tracts et des lettres ouvertes : ils voulaient une bédé. On a créé un premier collectif d’auteurs/illustrateurs. L’idée c’était que chacun d’entre eux rencontre un fonctionnaire de différents services publics pour que chaque chronique de la bédé résulte des échanges issus de chaque binôme. »
Forts de cette première expérience, toute l'équipe décide de créer une petite collection à l’intérieur de Soudain dans l’idée d’élargir l’éventail des témoignages à d’autres services publics.
Thierry : « On a monté un deuxième collectif et formé de nouveaux binômes sauf que ce coup-ci on s’est intéressé à l’hôpital public et plus particulièrement au CHU de Nantes. »
En avril 2016, Mariane Palermo rejoint l’aventure en tant qu’administratrice et assistante d’éditions, avant que ne paraisse un troisième livre phare en janvier 2018, Féministes, illustré par un nouveau collectif 100% féminin, entièrement coordonné par Marie Gloris Bardiaux Vaiente – et dont la date de sortie tombe par un hasard total en pleine période MeToo.
À chaque sortie d’ouvrage, éditeurs, auteurs/illustrateurs et travailleurs participent à des rencontres, discussions organisées, débats…
Mariane : « Ce qui est super c’est qu’avec ce genre de sujets, on touche des gens différents, pas seulement des amateurs de BD. Des gens qui s’intéressent au fond mais qui n’étaient pas forcément connaisseurs/amateurs de la forme BD. » Le format des collectifs étant particulièrement long à mener jusqu’à la publication, le choix a été fait de ne pas accélérer le rythme si particulier de ces productions :
Thierry : « L’idée c’est aussi de ne pas laisser tomber les autres titres. »
En effet, les éditions Vide Cocagne sont aussi constituées de deux autres grandes collections : Alimentation générale, consacrée à des ouvrages humoristiques et Grand Souk, une collection jeunesse. Une troisième collection informelle mais précieuse fait également la part belle aux ouvrages inclassables.
Le mot de la fin sera pour souligner l’aspect 100% éthique de la fabrication des ouvrages, tous imprimés en France - ce qui est très rare :
Mariane : « C’est un vrai parti pris ; on est attentifs à travailler avec les mêmes imprimeurs, entre Lyon, la Bretagne et la Vendée. Clairement, ce n’est pas là qu’on fait des économies… » Militantisme, quand tu nous tiens !