Les ateliers de Marc Perrin, composés de 8 séances sur un mois, ont eu lieu dans les maisons d’arrêt de Laval, du Mans, de Fontenay, de La Roche-sur-Yon et de Nantes. Un dernier atelier aura lieu à Angers à l’automne 2016.
Pour Marc Perrin, il s’agit de « prendre l’écriture comme un outil et comme une pratique pour favoriser la rencontre. J’ai un plaisir à la pratique de l’écriture comme moyen de compréhension de soi et du monde, et j’estime que chacun peut se saisir de son intelligence propre pour étendre cette compréhension. »
Il définit la poésie à partir de son étymologie grec poiein « c’est-à-dire fabriquer, faire, produire des formes et être attentif aux formes qu’on produit, c’est donc d’une très grande liberté. » Ceci lui permet, dans l’accompagnement, de répondre à la question qui revient souvent : « est-ce que je peux écrire ça ? » par : « vous pouvez écrire n'importe quoi, tout, dès l'instant où vous êtes attentifs à la forme que prend ce que vous écrivez. »
Sur la thématique choisie, il explique : « tenir journal, c’était le souhait d’y aller avec la manière que j'ai d’aborder l’écriture, à partir d’une double attention qui, pour moi, est la même : attention à soi, à ce qu’on peut ressentir et attention à ce qui se passe dans le monde, sachant que ces deux choses-là ne sont en rien séparées. Donc récit de soi/récit du monde pour aller vite, à partir des expériences propres des détenus et aussi à partir de la presse quotidienne, des livres de poésies contemporaines que j’amenais à chaque séance et dont je lisais des extraits. À l’ouverture de l’atelier, je présentais le projet dans lequel j’étais embarqué à l’époque, Spinoza in China où le journal tient un rôle central, et j’en lisais un extrait. »
Qu'apporte une telle expérience ?
« Ce que j’ai vraiment éprouvé, particulièrement en maison d’arrêt, c’est quelque chose que je connaissais d’un point de vue théorique, thématisé par Jacques Rancière, qui est la question de l’égalité des intelligences développées dans Le maître et l’ignorant. Je veux décomplexer quiconque vis-à-vis de l’écriture. Chacun produit une manière singulière d'écrire, et le travail consiste à être attentif à chaque singularité. Chacun pourra alors déployer une écriture non normée, non normative, etc. Dès l’instant où le lien se fait de cette manière-là, avec quiconque – en l’occurrence, c’était avec des détenus, mais avec quiconque - il y a de fortes chances pour qu’on expérimente quelque chose de cette égalité des intelligences. »
Le projet "Tenir journal" a été proposé par la Ligue de l'Enseignement Pays de la Loire et la Maison de la Poésie de Nantes en lien avec les SPIP et établissements pénitentiaires de la région Pays de la Loire.
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La lecture, intrinsèquement, conjugue le verbe partager. Un livre lu et aimé provoque toujours une envie d’échanger, de…
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