Bouts du monde. Un kaléidoscope de mondes parcourus

Publié le 25/04/2016 par Antoinette Bois de Chesne
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Cette revue trimestrielle participative, basée à Angers, offre à chaque parution entre 15 et 20 extraits de carnets envoyés à la rédaction par des voyageurs. Le contenu en est savoureusement éclectique, entremêlant autant de genres narratifs que de styles visuels. Servie par une maquette soignée qui fait la part belle au graphisme et aux photos, elle invite à une exploration subjective des ressentis de voyages.

William Mauxion, le rédacteur en chef, en a l’idée dès 2007 à partir du constat de l’absence de publications sur ce genre particulier qu’est le carnet de voyage. Journaliste au Courrier de l’Ouest et voyageur dès qu’il le peut, il a initié ou collaboré par le passé à de nombreuses revues plus ou moins éphémères. Assez vite, le rejoignent dans l’aventure trois autres collaborateurs : Jean-Marc Sauloup, dit Marco, un ami de longue date qui prend en charge la comptabilité, les festivals et les expositions ; puis Thierry Mauxion, le frère du rédacteur en chef, qui s’occupe de l’administratif et de la diffusion en librairie ; et enfin Nicolas Marmin, dit Nico, le graphiste de la revue. Tous les quatre sont animés de la même passion pour cette aventure éditoriale dont ils s’occupent bénévolement, étant par ailleurs requis par leurs activités professionnelles. « Nous ne sommes pas trop de quatre, souligne William, si on en avait les moyens, on pourrait occuper huit plein temps avec la revue ! » Ils partagent tous ce goût du voyage en s’évadant dès qu’ils le peuvent mais précisent : « le seul qui a fait un voyage au long cours de quinze mois, c’est Nico : Angers/Tokyo à vélo entre 2009 et fin 2010 ! ». 

Bouts du monde naît en 2008 sous une forme associative. Au départ diffusée par les Messageries de presse, le résultat est vite décevant : peu de visibilité, lieux de distribution mal répartis, invendus irrécupérables, le tout facturé à plus de 60 % du prix de vente. Ils décident alors de passer au statut d’éditeur après une éclipse d’un an, le temps de réorganiser leur fonctionnement. En 2010, le n°4 de la revue est diffusé en librairies par leurs propres moyens. Ce réseau représente aujourd’hui plus de 500 points de vente, dont 350 actifs qu’ils continuent à développer. Récemment, ils ont rejoint l’Union des éditeurs de voyage indépendant (UEVI), un groupement de 9 éditeurs qui va leur permettre d’être représentés sur plus de festivals, d’échanger et de s’entraider et peut-être même de mutualiser un imprimeur.

3 000 exemplaires par tirage, zéro publicité, 150 pages couleurs, la revue s’autofinance par les ventes et les abonnements - environ 600. Depuis un an et demi, une thématique non exclusive sous-tend chaque numéro et compose le fil rouge du montage éditorial. Elle permet aussi de retenir et de trier les carnets envoyés à la rédaction - entre 50 et 100 carnets de toutes sortes reçus chaque trimestre, la publicité se faisant par le bouche à oreilles et via les salons et les festivals. « Tout ce qu’un voyageur peut ramener au niveau textes, dessins, matière iconographique, est d’une richesse assez incroyable. La matière est infinie. »

Il arrive aussi que la revue accueille des noms connus de carnettistes, comme Simon ou Joël Alssandra ou encore Cédric Gras, tout en privilégiant toujours le ton spontané et particulier des carnets de voyageurs qui n’avaient, à priori, pas l’idée d’une publication.

Le choix du contenu se fait au coup de cœur : « Si, en le lisant, on a oublié que c’était pour Bouts du monde, c’est qu’on va le publier. En général, on est entré dans le carnet sans s’occuper de sa finalité éditoriale. »

Une fois la sélection faite, William traite le texte et lance une première mise en page. Celle-ci sera ensuite affinée avec Nico « parce qu’un regard extérieur est absolument précieux et nécessaire » et surtout parce que ce dernier a créé l’identité visuelle de la revue (couv, logo, lettrines, cartes), et a donné sa cohérence à l’ensemble. Ce sont les échanges avec l’équipe qui ont permis de créer une synergie équilibrée. William confie : « Nous, on est les conservateurs, et Nico, c’est un punk ! » Cette collaboration réussie a permis à la revue d’évoluer en mues successives jusqu’à aujourd’hui.

À propos du titre, ils concluent : « Le “s” est important ! Ça peut être des petits bouts, des éclats, des fragments d’impressions de voyage. » Une revue comme une mosaïque de regards et d’expériences sensibles, un kaléidoscope de mondes parcourus. 

Le numéro 26 est disponible en librairie depuis le début du mois d'avril 2016. 

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