Guénaël Boutouillet : le partage est à la base de la culture

Publié le 23/05/2016 par Antoinette Bois de Chesne
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Guénaël Boutouillet, médiateur du livre, formateur et bloggeur (entre autres choses) fait partie de ceux qui se sont très tôt emparés de l’espace numérique. Petit tour non exhaustif aux côtés de cet expert sur les usages et les confusions possibles dans ce domaine.

« Le partage est le principe fondateur du web et de sa neutralité. Il permet à chacun de publier et d’envoyer ce qu'il a publié à qui veut. Monter un blog est plus intéressant que de faire de l’édition à compte d’auteur. C’est un outil de partage à distance, effectif par la publication qui en est ainsi facilitée. » Pour autant, Guénaël Boutouillet rappelle que « le numérique ne vaut pas tout seul, il ne vaut pas sans incarnation : notamment en atelier d’écriture. » Dans tous les ateliers qu’il propose, le net « est un lieu d’écriture, de ressource et de publication. »

En tant que membre actif de l’association « remue.net » depuis 2003, il voit dans le web « un outil fondamental de la médiation. Pour les revues littéraires qui n’ont plus les moyens d’exister en papier, en particulier dans la poésie, c’est un lieu d'existence qui propose de la micro-édition de qualité. »

En tant que médiateur du livre, G. Boutouillet propose sur son blog « matériau composite » une restitution écrite des rencontres qu'il anime et de plus en plus d'enregistrements sonores et/ou vidéos. Là aussi le web devient le lieu de ressources et de documentation pour les médiations. Au-delà, il « permet même une patrimonalisation en offrant un partage possible dans le temps. Certains organisateurs de manifestations comme Écrivains en bord de mer, proposé par les éditions Joca Seria, ou encore la Meet, l'ont bien compris, et mettent ainsi en ligne les vidéos réalisées lors des rencontres publiques qu'elles organisent. » 

À propos des livres numériques, Guénaël Boutouillet pointe le danger des DRM (sortes de verrous pour gérer les droits numériques) qui seraient censés permettre d'éviter que les livres soient massivement dupliqués et partagés sans passer par l'achat. En réalité, les DRM limitent l’utilisation du texte par le lecteur, qui devient plus locataire que propriétaire. Et cette logique est « perverse, presque dystopique : ta bibliothèque ne t’appartient plus, tu ne peux plus donner ou prêter un livre donc tu ne peux plus partager. Le livre numérique est un objet problématique, il faut penser le droit d’auteur dans une autre logique, bien sûr sans remettre en cause le principe que l’auteur soit payé. »

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