Avec Miroir de l’absente, Jean-Pierre Suaudeau nous fait franchir de manière très délicate et émouvante le fleuve du temps qui coule, de l’âge, de la vieillesse, de la vie. Lecture de Gérard Lambert-Ullmann.
Comme un leitmotiv revient la phrase clé du film d’Almodovar Volver : “Maman? T’étais pas morte ? Qu’est-ce que tu fais là ?” On dirait bien que si, pourtant, maman est morte il y a longtemps. Tellement que, lorsqu’elle surgit en fantôme, elle est plus jeune que son fils.
C’est que la mémoire de ce fils est sinueuse, autant que le cours de la Loire qu’il suit en train d’Angers à Saint Nazaire et dont les méandres tourbillonnants emportent son écriture, colimaçon d’enfance retrouvée par bribes ou, plutôt, par taches de lumière, grise, rose, bleutée, glissant de l’aveuglant à l’apaisant, comme la vie. Au point qu’on ne sait plus s’il faut dissocier humains et paysages. Peuvent-ils l’être ? Ce n’est pas sûr, tant il semble qu’eau gelée et vie figée se confondent.
Et ces mots, comme s’ils “pouvaient représenter davantage qu’une passerelle de vent dressée au dessus de l’abîme”. Tentative dérisoire, certes et pourtant réussie. Sur sa fragile passerelle, l’auteur nazairien Jean-Pierre Suaudeau nous fait franchir de manière très délicate et émouvante le fleuve du temps qui coule, de l’âge, de la vieillesse, de la vie.
Miroir de l’absente, de Jean-Pierre Suaudeau, Publie net, 205 pp., 19 €, ISBN: 9782371774810.