Une île nouvelle, de Rémi Checchetto

Publié le 16/05/2018 par Patrice Lumeau
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Entouré d’eau, écrire le flot. Rémi Checchetto s’empare d’un territoire singulier, et au fil de l’eau, en tire une carte d’identité poétique, Une île nouvelle. Ses mots sont accompagnés d’un vidéo-poème de Nathalie Geoffray de Calbiac. Lecture de Patrice Lumeau.

La découverte d’un territoire, sa perception avec une pudeur sensuelle, transforment l’île en une entité à part entière. Un peu comme on découvre une personne, Rémi Checchetto nous emmène à la rencontre d’un être subtile, pas à pas sûr cette terre insulaire. Tant et tant que l’illusion nous berce parfois. Existe-t-elle vraiment cette île ou reste-t-elle une promesse qu’il faudra combler ?

La géographie nous dit qu’elle est bien là, l’île nouvelle, quelque part dans l’estuaire de la Gironde entre le port de Blaye et celui de Lamarque. Alors avec ses mots le poète nous la livre, non pas pieds et poings liés, car en ce lieu la nature a établi résidence. L’île a tendance à nous échapper. Elle glisse entre les doigts comme l’eau du fleuve qui la cerne, “ce son / que font / les roselières / comment le saisir / avec le piètre lasso des mots”. Le fleuve est l’acteur principal de ce portrait.

Le silence sans nul doute a posé sur cette terre meuble de tout son poids. Le vidéo-poème de Nathalie Geoffray de Calbiac naît sans bruit avant de s’ouvrir au son du fleuve puis du vent, l’air, l’eau. Le volume du vidéo-poème semble muet pour nous immerger dans ces images insulaires. Alors petit à petit, un peu comme naît le débit de l’eau, le son s’amplifie. Nous sommes dans le temps du fleuve. Rien ne le presse et il a toute sa force qui le guide, “un tissage de l’eau avec les fils du silence”. Le feu survient ensuite dans des images où se superposent des visions qui cohabitent. La vidéaste piège l’île dans ses habits de lumière. La couleur s’empare de l’île.

“Toutes les îles sont là / pour agrandir le monde /pour offrir d’avantage de terre / d’où regarder le cosmos.” Ce point sur le boulevard du fleuve, ce point minuscule égaré sur la carte de l’univers, n’en n’est pas pour autant ridicule. L’île, “une présence juste pour la lumière / une presque en allée / qui toujours demeure”. Sa force est dans son isolement et son humilité, l’île en tire son caractère. Encore faut-il avec la patience du méditant, l’observer pour mieux la savourer. 

Rémi Checchetto, Nathalie Geoffray de Calbiac, Une île nouvelle, Éditions Script, 44 p., 15 €, ISBN  : 978-2-911511-36-3.

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