La petite plage, de Marie-Hélène Prouteau

Publié le 06/11/2015 par Gérard Lambert-Ullmann
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C’est une petite plage d’un “finistère sans majuscule”, comme il y en a sans doute beaucoup d’autres, mais qui devient exceptionnelle sous la plume de Marie-Hélène Prouteau.

D’abord parce que, depuis l’enfance, elle y a goûté aux “belles heures de la vie” et sait nous les faire toucher ; ensuite parce qu’elle y convoque Gauguin et Hokusai, Segalen et François Cheng, Isabelle Eberhardt et Bob Dylan. La petite plage sert à dire le monde : les hommes de mer, bien sûr, “leurs paroles de sel, leurs histoires de quais sombres, de bleus à l’âme et d’infamies, racontées dans les bars enfumés quand coulent la bière et le vin de la tristesse”, mais aussi les vagues étouffées de marée noire quand “le silence de la mer crève les tympans”, les guerres et leurs cicatrices, la peste et les croix des chemins, l’exil et ses déchirures, le Landai des femmes afghanes et les larmes de Lampedusa. Une “effervescence de personnages réels” pour dire “les mains qui ont baratté l’ordinaire de la vie”.

Depuis ses “grands pans de bleu lavés de pluie” ce mouchoir de poche breton parle de tous et à tous de ce qui fait la vie, ses douleurs et ses beautés : les petits gestes “à hauteur de talus” et les grandes émotions pudiques. “Comme dans les moments limites de certains beaux rêves où l’on goûte le bonheur naïf de voir, contre toute attente, des choses opposées se tenir ensemble”.

La petite plage c’est “la clairière des métamorphoses”. Menés à elle par la main ferme et douce de Marie-Hélène Prouteau, on rechignera à la quitter, même lorsqu’on croira voir “le rocher se voûter et cacher quelques larmes”.
 
Marie-Hélène Prouteau, La petite plage, La part commune, 128 pages, 14 €, ISBN 9782844183194

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