La poésie est contagieuse

Publié le 11/07/2015 par Guénaël Boutouillet
Catégorie

Avec la maison de la poésie de Nantes, dans les écoles, toute une saison d'échanges et de création.

Twittérature, PoésieFM, ou haïkus graphiques, avec les éléves : des projets "qui les valorisent fortement dans le regard qu'ils se portent, qu'ils portent à leurs camarades."

Chaque année, dans le but de faire approcher la poésie d'aujourd'hui à un large public, la Maison de la Poésie de Nantes s'adresse aux scolaires, de la primaire au lycée, en les invitant à participer à des projets innovants et coopératifs autour de la poésie. Ateliers d'écriture, de lecture, rencontres d'auteur, ces actions peuvent prendre plusieurs formes adaptées à l'âge et au niveau des élèves.

Elle fait retour sur les projets 2014/2015 en primaire, au collège et au lycée dans une élégante newsletter également disponible en ligne, à cette adresse. On y découvre l’ampleur d’un travail dont on connaît mieux, ou surtout, la part "émergée", visible, publique (par les cycles Lectures en cavale au Pannonica, le festival Midi-Minuit dans le quartier Decré).

En 2014-2015, des scolaires de tous âges ont pu twitter avec le poète picard et beat Lucien Suel, correspondre avec le dessinateur, plasticien et poète François Matton (correspondance dont sont tirées les images illustrant cette page), ou encore, accompagnés de Sophie G. Lucas (poète) et Julie Auzou (radio JetFM), construire une véritable émission de radio autour de la découverte de textes poétiques. Divers angles d'approche, pour varier les manières et plaisirs, pour accroître encore l’efficacité de la rencontre.

C’est Estelle Gaucher, chargée de communication et accompagnatrice de nombre de ces projets, qui a bien voulu détailler encore, d’un point de vue sensible et personnel, ce qui s’est passé, se passe, durant ces moments d’échange aux formats divers :

"Les retombées de ces projets sont assez disparates en fonction de l'âge des participants. En primaire, les enfants ont un regard assez neuf sur la chose poétique, et ils appréhendent donc ces projets d'écriture avec moins de préconçus que les adultes. Ils s'y engagent pleinement, avec un enthousiasme non feint, ce qui donne des rendus très créatifs et personnels, sans peur.

Les projets comme les Correspondances poétiques (voir l’échange de tweets avec Lucien suel, et le blog tenu avec François Matton), qui s'inscrivent sur la longueur (nous privilégions toujours les projets longs, qui laissent une trace plus pérenne aux participants), leur apprennent la persévérance, et leur apporte la satisfaction de constater leurs propres progrès. Enfin, les élèves de primaire qui participent à un projet d'écriture poétique en ressortent souvent avec un regard plus aiguisé sur le monde qui les entoure, leur environnement direct.

Au collège, et notamment à partir de la 5e, les élèves découvrent la possibilité d'aborder l'écriture avec décontraction, ce qui leur amène le plaisir de cet exercice. Les projets de cette année (Twittérature et PoésieFM) ont engagé les participants dans un processus de forte responsabilisation : leurs productions étant amenées à paraître sur les ondes FM et les réseaux sociaux. À la fin de l'année, toutes les classes ont constaté combien ces travaux avaient soudé le groupe, par le fait d'avancer en complémentarité les uns par rapport aux autres.

Au collège comme en primaire, on a constaté l'importance de la valorisation des réalisations. Combien compte le regard de l'auteur ou de l'intervenant sur les travaux des élèves. Dans plusieurs groupes, la volonté a émergé de la classe de faire une lecture à voix haute des textes écrits, face à l'auteur.

Au lycée, la notion de responsabilisation est aussi importante, mais la rencontre avec l'auteur prend une autre dimension pour les élèves. Leur plus grande maturité et leur entrée prochaine dans le monde professionnel les incitent à avoir une écoute active, l'effet miroir est plus marqué. Des initiatives individuelles vont parfois jusqu'au montage de projet personnel en résonance avec un auteur rencontré."

"La rencontre avec l'auteur est toujours un élément central et essentiel de l'ensemble de ces projets."

D'une part, l'attente de ce moment par la préparation, ou le travail d'écriture, créé l'envie et l'impatience des élèves. De plus, pour la plupart, quel que soit leur âge, c'est souvent la découverte d'une réalité professionnelle, le milieu littéraire, la chaîne du livre. Ces rencontres ont aussi pour effet d'humaniser et désacraliser la figure du poète.

D'une manière générale, du point de vue des élèves, de tels projets les valorisent fortement dans le regard qu'ils se portent, qu'ils portent à leurs camarades, et enfin et surtout le regard qu'ils portent à la poésie. Quant aux auteurs, difficile de se prononcer à leur place. Le regard et les différentes impressions des élèves est toujours source de questionnement sur leur travail. D'autre part, la satisfaction est grande de sentir que le message passe - avec souvent beaucoup d'enthousiasme."