Lectures et entretien animé par Guénaël Boutouillet.
Ce sont deux fictions différentes, pourtant liées par bien des points, notamment la « question identitaire », celle de l'accueil, celle de l'autre hors des sentiers battus et des tristes barrières habituelles, en envoyant tout valser, par la grâce de l'invention, de la langue – et de le faire avec esprit et malice. Cette fantaisie, cette légèreté, singulières et partagées, ce goût des formes hybrides, des proses joueuses, font de cette association d'un soir, un truc spécial. Guénaël Boutouillet
Nina Yargekov est née en 1980. Française d’origine hongroise, elle a publié trois romans chez P.O.L, Tuer Catherine (2009), Vous serez mes témoins (2011) et Double nationalité (2016). Ce dernier, prix de Flore 2016, suit une trame narrative, l’histoire d’une amnésique portant deux passeports, et qui tente de retracer sa propre histoire en se confrontant aux petits évènements du quotidien. Texte fleuve, il aborde en fait une foule de sujets, autant de prétextes à traiter de la question du sentiment national, mais aussi de la langue, des langues, et du poids des mots. Aucun cliché ne résiste à la finesse du ton et la grande fantaisie de l’écriture.
« Le troisième roman de Nina Yargekov est malaisé à raconter sans défloration, car le rire y naît souvent de la surprise : la dérision carabine le politique à coups de tours et retournements des volutes mentales déployées, et l’auto-inspection du personnage vire volontiers au procès stalinien pour rire. »
Éric Loret, Le Monde des livres, à propos de Double nationalité.
Née à Sofia (Bulgarie) en 1982, Elitza Gueorguieva vit depuis quinze ans à Paris. Elle publie son premier roman, Les Cosmonautes ne font que passer, aux éditions Verticales en 2016. Le ton elliptique et malicieux permet de conjuguer l’univers intérieur de l’enfance avec les bouleversements de l’histoire, en l’occurrence la chute du communisme en Bulgarie. Grâce à la naïveté fantasque de sa jeune héroïne, Les Cosmonautes ne font que passer donne à voir comment le politique pénètre la vie des individus, détermine leurs valeurs, imprègne leurs rêves. L’auteure prête aussi sur scène une finalité performative à ce texte.
« Loin du cynisme ambiant, Elitza Gueorguieva se refuse à dépeindre les dessous d’une illusion (existentielle, politique) en couleurs ternes et à engendrer la mélancolie. elle détourne la puissance d’affirmation des discours idéologiques pour mieux la transformer en énergie et en invention de soi drolatique. »
Chloé Brendlé, Le Matricule des anges, à propos de Les Cosmonautes ne font que passer.
Participants
Guénaël Boutouillet