La Médiathèque La Bulle, à Mazé (49), proposera le 31 mars prochain une journée professionnelle sur le thème BD et sociologie. Entretien avec l'équipe de La Bulle pour comprendre les enjeux de ce programme hors du commun.
Pourquoi monter une journée professionnelle sur BD et sociologie ?
D’abord considérée comme média de divertissement pur, la bande dessinée s’est ouverte il y a quelques années au reportage et depuis peu aux sciences dures et sociales (philosophie, mathématiques, sociologie, etc.). Mettre en cases les propos d’une thèse et vulgariser des disciplines jusqu’à présent considérées comme élitistes est a priori un excellent moyen de s’adresser à un plus large public, car un trait peu parfois suffire à rendre évident ce qui semble complexe.
Pensez-vous qu'en s'ouvrant à la sociologie la bande dessinée s'adresse un nouveau segment de lecteurs ?
Ces nouvelles bandes dessinées, souvent issues d’un partenariat entre scientifiques et auteurs, permettent de fédérer les lecteurs d’essais et les amateurs du 9ème art. De plus, la double-lecture (textuelle et visuelle) que permet la bande dessinée offre clairement un plus au lecteur, venant appuyer ou compléter des propos sur lesquels il est difficile de digresser dans un travail universitaire.
C’est ce que propose la collection Sociorama de la maison d’édition Casterman, issue d’une collaboration entre une auteure (Lisa Mandel) et une sociologue (Yasmine Bouagga). Elle œuvre, depuis sa jeune création en début 2016, à retranscrire au plus grand nombre des enquêtes sociologiques sous forme de fictions ancrées dans les réalités du terrain. De l’enfer des chantiers publics à l’industrie du film pornographique en passant par le quotidien des hôtesses de caisses, le catalogue de Sociorama est notable dans la diversité des thèmes abordés.
Si Sociorama ne propose que de la bande dessinée sociologique, il en va de soi que d’autres bandes dessinées de ce type existent au sein de l’édition contemporaine. On pense par exemple à celle de Marion Montaigne, Riche, Pourquoi pas toi ?, une adaptation humoristique très réussie des essais de Monique et Michel Pinçon Charlot.
Pourquoi selon vous les professionnels doivent-ils se former dans ce domaine ?
La Bulle propose, en tant que Pôle ressource régional du 9e Art, des formations et journées professionnelles sur des sujets variés. La saison 2016/2017 a pour thème « D’une culture à l’autre ». Il semblait donc intéressant de proposer une journée interprofessionnelle, transversale à plusieurs secteurs (documentaires et bande dessinée), à plusieurs cultures. Cette journée sera en effet l’occasion de converger différents profils de lecteurs : professionnels des métiers du livre, étudiants, enseignants, sociologues et autres curieux.
Le programme est prometteur et s’ouvrira sur une conférence de Pierre-Laurent Daurès, autour de la bande dessinée sociologique, puis permettra d’obtenir des titres (Au Repaire des héros), des témoignages d’auteurs (Lisa Mandel, Etienne Lécroart) et de sociologues (Yasmine Bouagga, Monique et Michel Pinçon-Charlot). S’intéresser à la sociologie sans avoir à passer par une lecture universitaire, forger son esprit critique sur le monde qui nous entoure et obtenir des clés pour mieux transmettre, voilà les objectifs que se donne La Bulle.