Créé à Poitiers en 1998, le festival des Utopiales s’est définitivement installé à la Cité des congrès de Nantes en 2000. Événement majeur de la vie culturelle nantaise, cette manifestation consacrée à la science-fiction a acquis une réputation internationale et est devenue un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’un genre qui n’a pas toujours bonne presse.
Bien sûr, le festival ne se limite pas à la lit-térature de l’imaginaire (il propose confé-rences scientifiques, expos, cinéma, etc.), mais y consacre une large part. C’est dans ce cadre que Frédéric Harscouët, libraire à librairie Durance, participe à l’événement. Présent depuis les débuts de l’aventure à Nantes, il est donc un témoin privilégié de l’évolution du public qui fréquente les Utopiales.
La science-fiction irrigue tout
« Les Utopiales drainent de plus en plus de monde : des curieux, des spécialistes, des lecteurs qui cherchent de la détente, d’autres de la rêverie, et d’autres encore un sens politique à ce qu’ils lisent… » Un large public donc, aux moti-vations variées. Et s’il est difficile d’identifier un type de lecteur, c’est parce que, « actuellement, la science-fiction irrigue tout : le cinéma, les jeux vidéo, la littérature, y compris la littérature blanche. Il suffit de jeter un œil, par exemple, sur l’œuvre de Houellebecq… » Mais point de succès comme l’ont connu les polars il y a quelques années. La science-fiction se répand « de manière souterraine. Cette niche littéraire est devenue une termitière. »
Le public s’est donc élargi. Et le festival des Utopiales, « où notre rôle est justement de créer des passerelles », a contribué à cette évolution. C’est notamment sensible pour les femmes, « qui ne représentaient qu’un quart du public, alors qu’aujourd’hui la proportion tourne au-tour de 40 % ».
Un panier moyen « autour de 35 € »
Mais le plus notable, c’est le panier moyen du visiteur dans la librairie des Utopiales, qui aujourd’hui « tourne autour de 35 €, contre environ 12 € chez Durance. En fait, le public en achète pour six mois de lecture. » Évidemment, le chiffre d’affaires s’en ressent. « C’est plus de 150 000 € de ventes réalisées en cinq jours par les cinq librairies partenaires (Aladin, Durance, La Mystérieuse Librairie nantaise, L’Atalante, Vent d’Ouest). »
Le chiffre d'affaire a dépassé 200 000 euros en 2019, une édition record.
En prime, le public a l’occasion de faire dédicacer ses achats, donc de rencontrer et d’échanger avec ses auteurs favoris. Si le festival a évidemment séduit les amateurs de science-fiction dès sa création, il a su très vite susciter la curiosité des « profanes » et permis ainsi à la littérature de l’imaginaire d’élargir son public.
Qui sont les lecteurs ?
D’après le dernier baromètre réalisé par le CNL sur les pratiques de lecture en France, on s’aperçoit que les perceptions et…
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