Solène Bouton est correctrice indépendante, elle a fondé en 2008 l’agence Page 13.
Celui qui doute
Formée aux éditions Gallimard, Solène Bouton œuvre dans l’édition depuis plus de 15 ans. Pour elle, « le correcteur, c’est celui qui doute ». En effet, celui-ci apporte l’œil neuf indispensable sur un texte avant qu’il ne soit publié. Il s’agit systématiquement de remettre en question les informations données, quelle que soit la nature de l’écrit (roman, livre scolaire, documentaire, etc.), tout en respectant la démarche de l’auteur.
« Être correcteur, c’est être rigoureux, pragmatique, très curieux aussi » : une première investigation en préparation de copie permet non seulement de corriger les erreurs d’orthographe, de grammaire et de syntaxe, mais également de vérifier les faits énoncés, la cohérence et l’harmonisation du texte. En phase de relecture, on traque les dernières coquilles.
Ce métier exigeant et passionnant s’exerce dans « une certaine discrétion, car on n’est ni l’auteur ni l’éditeur du texte ». C’est aussi un artisanat d’érudition mené dans l’ombre, au profit de l’œuvre : si le texte est fluide, le lecteur en oublie qu’un professionnel attentif est venu ôter les coquilles pour sa lecture. La mission du correcteur est alors accomplie ! Bien entendu, « le zéro faute n’existe pas » et ce métier peut comporter une part de frustration, lorsqu’une incorrection, aussi minime soit-elle, échappe à l’œil pourtant bien attentif.
Un métier en péril
En 2007, après un parcours dans l’édition de guides touristiques (Gallimard), de documentaires (Actes Sud) et de livres pour la jeunesse (Gulf Stream, Graine 2), Solène Bouton décide de perfectionner son activité de correctrice à Formacom, la seule école en France proposant une formation complète et délivrant un diplôme d’état de lecteur-correcteur. Un an plus tard, elle fonde avec Laurence Vilaine l’agence Page 13 pour répondre aux besoins des professionnels dans le domaine éditorial.
Aujourd’hui, alors que Formacom a dû fermer cette rentrée 2015 pour des raisons économiques et que la profession est menacée, elle « rêve de voir se monter un réseau ». En effet, le métier de correcteur est souvent solitaire, la concurrence est réelle et certains éditeurs ne font plus appel à des correcteurs professionnels mais effectuent eux-mêmes les relectures par souci d’économie. Face à ce constat, Solène Bouton prône la mise en place d’un collectif de correcteurs afin de défendre un métier fondamental pour la culture écrite et ses valeurs.
Les formations
Alors que Formacom a fermé, il n’existe plus aujourd’hui de formation diplômante. Des correcteurs-formateurs interviennent cependant dans les formations professionnelles des métiers du livre, notamment :
DUT information et communication, option métiers du livre (IUT de La Roche-sur-Yon)
Licence professionnelle mention métiers de l’édition (IUT de La Roche-sur-Yon)
Licence professionnelle édition (IUT de Bordeaux III, CFA)
Master 2 Lettres appliquées aux techniques éditoriales et à la rédaction professionnelle (Paris III Sorbonne Nouvelle)
Master 2 Créations éditoriales multi-supports (Paris IV Sorbonne)
Master 2 Politiques éditoriales (Paris XIII Villetaneuse)
Nous remercions chaleureusement la librairie-café Les Bien-Aimés pour son accueil (Les Bien-Aimés // 2, rue de la Paix - 44000 Nantes // T. 02 85 37 36 01).