Le poste de catalogueur itinérant, ou volant comme on l'appelle parfois, invite au voyage. Recrutée en septembre 2019, je parcours la région Pays de la Loire pendant 10 mois à la recherche des fonds d'archives et des manuscrits qui n'ont pas encore été signalés dans le Catalogue Général des Manuscrits (CGM).
Après une semaine passée à Saumur, mon périple m'a conduit en Mayenne, plus précisément à la bibliothèque Albert Legendre à Laval. Très bien accueillie, même en ces temps de pandémie, ils ont su me faire une petite place et me confier leurs précieux ouvrages.
Un petit coin bureau, une bonne connexion internet, une pile de manuscrits et le travail peut enfin commencer !
Comme je dis souvent pour expliquer en quoi consiste mon travail : signaler un manuscrit c'est en quelque sorte lui créer une fiche d'identité. Arrivés dans les bibliothèques à la suite de saisies révolutionnaires, de dons ou d'achats, ces documents dorment dans les réserves depuis parfois plusieurs dizaines ou centaines d'années... Mon rôle, tout comme mes collègues et confrères, est de les faire sortir de l'ombre en les signalant, les rendant ainsi accessibles au public alors informé de leur existence. En quelques clics, ils pourront en effet avoir accès aux différents inventaires et donc aux notices de chaque document versées directement sur le Catalogue Collectif de France (CCFr). Ce travail de signalement est une première étape vers celui de leur valorisation. Prochaine(s) étape(s) : exposition, numérisation… ?
Ce qui fait la spécificité du catalogueur travaillant sur des manuscrits, c'est qu'il utilise un langage informatique bien particulier et encore peu connu en bibliothèque : l'XML EAD (Description archivistique encodée en français) qui permet de décrire des fonds d'archives, des collections de manuscrits ou d’objets de manière hiérarchisée. Une fois le document à décrire en main, il faut le replacer dans son contexte : époque, auteur, sujet, savoir s'il fait parti d'un fonds, provenance, etc. Puis examiner l'objet : dimensions, reliure, ex-libris, état de conservation, etc. TapIR, qui est un outil destiné au catalogage des manuscrits et archives développé par la BnF en 2018, est le support privilégié du catalogueur en EAD : il nous permet de renseigner chaque information dans le champ adéquat et de signaler chaque pièce de la manière la plus précise et pertinente possible.
Cataloguer les manuscrits des bibliothèques est un enjeu primordial pour ces établissements et surtout pour les plus petites structures qui souvent n'ont ni les ressources, ni le personnel pour effectuer ce type de mission. Signaler des manuscrits, c'est aussi et surtout partir à la rencontre d'une histoire locale, c'est tomber sur des pièces étonnantes et curieuses, sur des détails qui nous surprennent, nous émeuvent ou nous font rire...
Ci-dessous, je vous partage quelques clichés capturés dans les réserves lavalloises :
Ci-dessus : Acte notarié sur parchemin de 1514 (Ms 275). Cataloguer des manuscrits c'est aussi avoir affaire à des documents parfois très anciens. C'est un privilège, mais c'est également un exercice qui demande certaines compétences en paléographie...
Ci-dessus : Plan de l'Hôpital civil et militaire de St Joseph de la Ville de Laval (Ms 262). Plan appartenant aux manuscrits du Docteur Bucquet, médecin lavallois aussi passionné d'histoire.
Ci-dessus : Patois du Maine, tableau de conjugaison (Ms 357). Se familiariser avec l'histoire locale et le patois.
Ci-dessus : Partition, Conducteur manuscrit de La Flûte enchantée de Mozart par Chauveau, compositeur local (Ms 357). La bibliothèque de Laval renferme plusieurs séries de volumes de partitions (Denoyelle, Jacquot, Abbé Baraise, ici Chauveau) ; des manuscrits qui renferment également quelques insectes...