Ce conte philosophique fait dialoguer une hyène avec ceux qui passent de l’autre côté de l’existence. Une veillée mortuaire. Lecture de Patrice Lumeau.
L’hyène fait office de passeur. Cynique, fidèle à son image, elle assène les derniers mots et les coups de crocs à ceux, hommes, animaux, animaux mythiques qui errent dans ces limbes, entre vie et trépas.
Omniprésente, la mort est là, perçue comme un absolu néant. Elle veille, guette. On sait qu’elle attend là, derrière la porte. L’hyène se délecte de ces instants. L’hyène est sa servante dans ce conte. Le livre se découpe en brefs chapitres au rythme des rencontres de l’animal, charognard patenté. Ici il croise un patient mourant, un chat, un Cerbère prétentieux, etc.
Plus que de la chair de ces corps qui trépassent, l’hyène semble savourer ces derniers moments de vie (de conscience ?) où force est de constater la fin manifeste et funeste. Non sans un humour noir, l’hyène est décrite à l’œuvre : “Aïe ! Sur quoi vient-elle de se fendre une dent ? Un peu d’or”.
L’auteur adopte un ton qui souvent hésite entre philosophie et poésie moraliste. Focalisée sur le cynisme de l’hyène, l’écriture nous laisse parfois absent de ces débats, ces échanges, joutes philosophiques avec le charognard. Le rappel d’une certaine vacuité de la vie ne nous échappe pas et permet de s’interroger sur le sens à donner à notre existence, petits ou grands, mécréants comme croyants. Et si la hyène fait preuve d’une relative clémence, c’est envers le poète, mais la fin reste inéluctable. Toujours le couperet tombe avec une froideur qui exclut tout ce que la vie a pu faire vibrer en chaque être. Et quelquefois même la hyène en reste pantoise.
La veillée de l’hyène de Maëlle Levacher, Éditions Cardère, 52 p., 12 €, ISBN: 9782376490012.