Nelly Buret, plasticienne et taille doucière, nous dévoile ses Topologies singulières. Antoinette Bois de Chesne lit et surtout regarde ce livre original, plein d’accords secrets.
Dans ce très joli petit livre carré édité par DMC, Nelly Buret, plasticienne et taille doucière, nous dévoile ses Topologies singulières. Sa géographie tangible tisse navette entre Paris où elle enseigne et Angers où elle vit. À cette trame pragmatique se mêle la poésie inédite de son univers auquel rendent hommage les illustrations pleine page de ses tailles douces qui dominent dans cette publication. Leurs titres sont des invitations au regard : Belles endormies, Floraisons dans les ténèbres, Choisir son rivage…
Quelques confidences ponctuent de loin en loin le livret et nous éclairent sur sa démarche de glaneuse : “Le glanage est un travail du corps et du regard. Se pencher, regarder, sélectionner, ramasser ce qui m’appelle. Mon glanage est une réserve de merveille.” Glanage aussi des croquis de ses carnets qui l’accompagnent et nourrissent l’éclosion de l’œuvre. Merveille issue aussi bien de la mémoire familiale, du dit et de l’insu, de fragments de textiles, papier, merceries, un herbier en miscellanées de matières. À la gravure qu’elle définit comme “raconter le silence qui vient de mes aïeux, de mes contemplations, de mes glanages” s’ajoutent et s’ajustent ces bribes ramassées.
Ses compositions trouvent l’accord secret susceptible de réunir le disparate. On perçoit ici l’importance de la couture — visible ponctuellement par le cousu venu s’ajuster à la gravure — dont le verbe ancien de “couturer” éclaire le force à l’œuvre dans son travail: relier par des points, mettre ensemble deux étoffes, deux techniques ou deux mondes mais suivre aussi les traces immédiates ou cicatricielle d’un instant, d’un lieu, d’un geste. Non pas pour unifier ou lisser ce qui naît ici mais pour maintenir ouvert le puzzle et l’énigme d’une émotion.
Nelly Buret, Topologies singulières, éditions DMC 2015, 28 pp., 15x15 cm,
9 €, ISBN : 979-10-90336-51-3