Le nouveau polar du nantais Sylvain Forge. Sous la ville est un concentré de roman noir distillé au fil des rues sombres de Clermont-Ferrand. Lecture de Carole Poujade.
Les amateurs de polars trouveront dans Sous la ville les ingrédients indispensables du genre : une intrigue sordide – un duo d’enquêteurs de choc – des conflits sociaux – des rivalités au sein des équipes d’investigation… la vie quoi !
L’auteur introduit cependant des spécificités qui donnent à ce thriller sa marque et son originalité : une touche de modernisme contrastant avec la présence forte d’un lourd contexte historique, et enfin, le décor d’une ville et de ses mystères.
Très moderne en effet cette idée de la “goutte morte”, un support libre qui permet à n’importe qui de venir avec un cordon, un ordinateur et d’explorer le contenu de la clé USB fixée au mur. La violence est dans l’image.
Aujourd’hui ne saurait être sans hier et l’histoire est omniprésente dans l’intrigue même et les personnages qui en sont le cœur. Pourquoi Youcef se rend-il chaque année à Bourg Lastic, quelque part au milieu des bois ? Pourquoi n’a-t-il jamais pu retourner dans son hameau de Kabylie ? Et qu’est donc devenu Simba, le chat auquel le vieil homme est si attaché ?
“L’air vif dégringole des volcans” et charrie “les odeurs de fougère et de terre” jusque dans les souterrains de la cité, entre les flèches sombres de la cathédrale, les beaux quartiers et les maisons Michelin.
Les phrases sont courtes, ciselées. Quelques mots pour un lieu, une ambiance. Les scènes d’actions s’enchaînent à vive allure comme dans un film. La rencontre avec le héros est indirecte. Le prologue est glaçant. La fin surprenante. Mais qu’est-il donc arrivé à Emilie Landrot ?
Sous la ville, de Sylvain Forge, Editions Toucan Noir, 408 pp., 19.90€, ISBN 978-2-81000-716-5