Tous les personnages dans Un piano à la Nouvelle-Orléans sont sur le fil, suspendus entre le meilleur et le pire. Le recueil d’Emmanuel Roche a gagné le Prix de la Nouvelle d’Angers cette année. Lecture de Joël Glaziou.
Pour ce premier recueil, l’auteur a su d’emblée maîtriser l’harmonie entre unité et diversité.
Unité géographique pour les huit nouvelles toutes situées à la Nouvelle-Orléans… mais diversité historique puisqu’elles sont datées entre 1865 et 2015.
Unité thématique autour de l’histoire de cette capitale de la Louisiane… mais diversité des sujets abordés qui vont de la Guerre de Sécession et l’esclavage, à la dépression et la prohibition… et du carnaval au vaudou et aux inondations (après l’ouragan Katrina en 2005). Tout cela sur fond de jazz, de blues au rythme des temps et contretemps où les cultures se mêlent, où le noir et le blanc se mélangent comme l’ébène et l’ivoire des touches d’un piano (comme le montre la superbe couverture des éditions Paul & Mike) !
Enfin, unité et diversité au niveau des personnages. Tous différents de par leur origine, française, espagnole, créole, italienne, américaine. Qu’ils soient petits bourgeois dans les bordels de la ville, politiciens véreux, pianiste créole ou simple touriste, ils ont tous en commun d’être sur le fil, suspendus entre le meilleur et le pire. Leur vie se jouant sur un détail, sur un coup de hasard : une partie de cartes, un porte-bonheur du carnaval, un chat après l’ouragan ou une belle fille sur les rives du Mississipi…
Rappelons qu’avec cette sixième édition, le Prix de la Nouvelle d’Angers est désormais le seul prix à récompenser un recueil de nouvelles sur manuscrit. Félicitons les juré(e)s, qui après avoir lu 169 recueils, ont choisi à juste titre de récompenser Un piano à la Nouvelle-Orléans d’Emmanuel Roche.
Un piano à la Nouvelle-Orléans d’Emmanuel Roche, Éditions Paul & Mike, 112 pp., 10 €, ISBN 9782366510904.