La mémoire des braises regroupe des extraits, en bilingue, de trois livres de Luc Vidal. Une sorte d'autobiographie, pudique et discrète, cette anthologie est également une biographie poétique. Lecture de Christian Bulting.
Le livre La mémoire des braises est le résultat d'un travail collectif de traduction de l'Université de Grenade et de l'Université Sophia-Antipolis, coordonné par Joëlle Guatelli-Tedeschi. Celle-ci a demandé à Luc Vidal d'établir un choix de ses poèmes, et d'écrire un commentaire sur chacun d'entre eux. Le tout a fait l'objet de traductions, en constant échange avec l'auteur.
On pourrait redouter les commentaires d'un poète sur son propre travail. Ici, les explications passent très bien, apportent un éclairage aux poèmes, les contextualisent, soulignent leurs thèmes, apportent des éléments vécus à quoi ils renvoient et les références littéraires à l'œuvre dans les textes.
Ce sont les deux sources de la poésie de Luc Vidal: la vie, la poésie. Si La mémoire des braises constitue une sorte d'autobiographie, pudique et discrète, elle est également une biographie poétique. Au fil du récit, de la réflexion, de l'analyse viennent, comme naturellement, les noms des poètes avec qui chemine Luc Vidal : René Guy Cadou, Léo Ferré, Aragon, Desnos, Supervielle, Reverdy, Paul-Jean Toulet, Villon, les Troubadours, pour n'en citer que quelques-uns.
Quant aux éléments autobiographiques de cette poésie lyrique, ils évoquent les rencontres amoureuses, amicales, les voyages. La poésie de Luc Vidal chante, elle revendique le lyrisme, n'a pas peur de l'abondance des images, des métaphores: “Et des nageurs rares passent dans tes yeux / des journées tranquilles dorment dans tes veines”, “Je perds pied parce que dans tes paumes fleuvent des rêves voyageurs / des villes d'eaux infidèles au temps des violences”.
Les poèmes de Luc Vidal sont souvent des poèmes d'amour adressés à “l'aimée”, cœur et corps unis, mais sa poésie n'ignore pas le chagrin d'aimer : “La pluie s'écrasait sur les vitres / façonnant le chagrin”.
Le chagrin, on le retrouve dans le titre de l'un des livres publiés par Luc Vidal, en 2010, Le chagrin et l'oiseau perdu, livre dont cette anthologie donne des extraits, ainsi que de deux autres livres : Orphée du fleuve (1999) et Les yeux du crépuscule (2016). Le livre propose également des inédits. La référence à Orphée est omniprésente dans la poésie de Luc Vidal. On apprend par le commentaire ce que celle-ci doit au film Orfeu negro de Marcel Camus.
Luc Vidal est surtout connu pour être l'éditeur du Petit Véhicule. Ce travail de publication des autres a eu pour conséquence qu'il ne s'est pas soucié pendant longtemps de publier lui-même. Mais il a toujours écrit. Et ce livre, aujourd'hui, est une bonne introduction à son travail de poète.
La mémoire des braises / Memoria de las brasas, de Luc Vidal, livre bilingue, Ed. Entorno gráfi co, Col. El Torno Gráfi co de Poesía nº27, diffusion pour la France : Éditions du Petit Véhicule, 15€, ISBN: 978-84-16319-71-08.