La nouvelle édition du Guide indigène de détourisme de Nantes et de Saint-Nazaire – ou quand l’impertinence est pertinente ! Lecture d’Élisabeth Sourdillat.
Poétique et documenté, c’est plutôt ce qui vient à l’esprit à feuilleter le Guide indigène de détourisme de Nantes et de Saint-Nazaire, un petit livre (format poche, à garder sur soi). Militant, oui, pour sûr, mais pas façon coup de poing. Façon invitation à se laisser guider dans les chemins de traverse. Mais pas les yeux bandés, non, les yeux grands ouverts.
Car voilà le mode d’emploi proposé au lecteur : muni de ce petit guide indigné, c’est l’habitant, le local, bref l’indigène (et non pas le touriste) qui est convié à regarder d’un œil neuf ce qui l’entoure au quotidien. Pour le questionner évidemment.
Il s’agit bien là de ce qu’est le “détourisme”. C’est ce pas de côté qui donne de la respiration et permet d’échapper à l’enfermement, dans une démarche de « désenvoûtement », de libération. Refusons le contrôle imposé de nos espaces vitaux ! Telle est la proposition. Le détourisme devient ainsi une humble trouvaille pour réapprendre à explorer, seul et ensemble, le territoire qui commence dès la porte passée, sans prendre l’avion, sans décalage horaire.
Qui vient ainsi nous tirer par la manche ? Un collectif de contributeurs anonymes, le Bureau de la main d’œuvre indigène, un "auteur collectif", pluriel, qui prend plaisir à rire mais aussi à documenter avec sérieux.
Cela produit un montage dynamique de textes très divers, assez courts, réunis en sept chapitres. Les images les complètent de façon essentielle, elles racontent autre chose, documentent ou poétisent, c’est selon. Elles illustrent surtout parfaitement ce point de vue décalé, cette invite à regarder autrement, à faire un tout petit peu bouger l’angle de vue.
Guide indigène de détourisme de Nantes et de Saint-Nazaire, Éditions à la Criée, édition 2016,157 pp., 10€.