Dans son roman L’exil, chérie, Guillemette Resplandy-Taï se penche sur le sort des polonais recrutés après la grande saignée de 14-18 pour venir au secours de l’industrie française. Et l’intrigue se passe à Couëron.
Cette histoire se passe à une époque où des journaux impriment “Dehors, les étrangers” et où des mouvements politiques se lancent dans des assauts de xénophobie. Aujourd’hui ? Non. Malgré d’évidentes et déplorables similitudes, il s’agit des années 30. Et les étrangers ce sont des polonais, recrutés après la grande saignée de 14-18 pour venir au secours de l’industrie française manquant de bras, puis rejetés comme des malpropres quinze ans plus tard, ayant entre temps bien trimé pour des salaires dérisoires et bien déchiré leur santé dans des métiers cannibales.
Stanislaw, c’est en travaillant dans la tour à plomb de Couëron, fleuron du patrimoine industriel de Loire-Atlantique, qu’il gobera le saturnisme. Et c’est en enquêtant sur cette histoire qu’une Anna d’aujourd’hui découvrira la vie d’une Anna d’hier, sans se douter d’abord à quel point elle va finir par s’y retrouver mêlée. Dans une intrigue qui ne cesse de rebondir, la SFIO croise Audubon, et les bombardements de Nantes résonnent au Pouliguen. Servi par une parfaite documentation historique, ce roman fait renaître toute une époque et en tire les fils jusqu’à la nôtre d’une façon limpide et émouvante. Hier ? C’était ce matin.
L’exil, chérie, de Guillemette Resplandy-Taï, Éditions Delphine Montalant, 170 pp. 17€, ISBN 9782915779226.