Le nouvel album de Cyril Pedrosa, Les Équinoxes, raconte l’ombre que chacun porte en soi, le combat existentiel pour comprendre et se désengluer.
Pour qui a gardé vif en mémoire le précédent album de Cyril Pedrosa (Portugal, paru en 2012), Les Équinoxes peut surprendre. Si les questionnements existentiels restent au cœur du propos, ici fi de l’autobiographie et de la narration traditionnelle.
Dès les pages de garde, la proposition est faite, via une double page jour/nuit ou peut-être positif/négatif, comme une énigme. La page de titre elle-même est minimale et suivie d’un premier récit en vignettes colorées sans paroles. Pedrosa s’est posé là où on ne l’attendait pas.
Le côté déroutant du procédé est renforcé par l’alternance des techniques narratives (du dessin sans texte, de la BD, du texte sans dessin, de petites nouvelles à la première personne. . . ) Mais pas que. Il y a aussi un jeu avec les techniques picturales, et surtout les couleurs, car cet auteur de BD peut tout dessiner — et avec brio. De grands tableaux en pleine page, des vignettes, des jeux sur les tonalités des saisons, mais aussi avec les gris, tout cela se télescope, tout comme les récits.
Pedrosa observe le monde et aime parler des gens, qu’il décrit dans leur quotidien, et tisse la toile de leurs rapports aux autres. Le réel est présent, l’actualité politique, les paysages et les lieux sont réels ou inspirés du réel. Dans ce bel album, dans lequel il y a plusieurs albums, ce qui intéresse l’auteur, c’est l’ombre que porte chacun, le combat existentiel pour comprendre, se désengluer. L’on suit les vies banales et le désarroi d’une myriade de personnages de tous âges.
Les Équinoxes, Cyril Pedrosa, Collection “Aire Libre”, Éditions Dupuis, 2015, 35 €, ISBN: 9782800163628.