Dans Double fond, Elsa Osorio retrace la vie du docteur Marie Le Boullec, médecin à Saint Nazaire. Mais derrière Marie se cacherait Juana, ancienne militante révolutionnaire dans l’Argentine des années noires ? Lecture de Gérard Lambert-Ullmann.
Qui était “la femme de La Turballe” retrouvée sur la côte, morte noyée et les os fracturés ? S’est elle suicidée ? A-t’elle été tuée ? Si oui, pour quelles raisons ?
Officiellement elle était le docteur Marie Le Boullec, appréciée de tous à Saint Nazaire depuis des années. Mais Muriel, journaliste locale, a des doutes. Elle lance une enquête qui la mènera bien plus loin qu’elle ne pensait et l’impliquera bien plus qu’elle n’imaginait.
Car derrière cette Marie, apparemment sans histoire, se cachait Juana, ancienne militante révolutionnaire dans l’Argentine des années noires, celles de la dictature où il était fréquent qu’on “disparaisse” sans laisser de traces sauf, parfois, un cadavre rejeté par la mer.
Découvrant un échange de messages entre une femme qui a bien connu cette époque et un jeune argentin partagé entre la quête ardente et le rejet colérique, Muriel va entrer dans un labyrinthe tortueux où se mêlent identités clandestines, tortionnaires mafieux, passions amoureuses et filiales, traitrises et “vols de la mort”.
Par une prose où questions et réponses se bousculent à un rythme trépidant, Elsa Osorio (qui a écrit ce livre suite à une résidence à la Meet de Saint Nazaire) bâtit un intense suspense psychologique où l’amour lutte avec la peur au cœur d’une toile d’araignée tissée par la dictature. Ça se lit comme un policier, mais c’est plus que ça : un enquête sur les « doubles fonds » des humains.
Double fond, d'Elsa Osorio, traduit par François Gaudry, Métaillé, 400 p. 21 €, ISBN 9791022607339.