Tout les oppose... et pourtant l'amour est là . Le dernier amour d'Attila Kiss, un très beau deuxième roman de Julia Kerninon, Prix de la Closerie des Lilas 2016.
“Les histoires d'amour finissent mal en général”, dit la chanson. La littérature non plus ne laisse guère fréquemment les amours s'épanouir dans le temps. Les fins sont souvent sauvages... Mais l’écrivaine nantaise Julia Kerninon, inverse la tendance. Alors même que tout sépare Attila et Theodora, leur histoire d'amour, malgré les soubresauts de la découverte, reste marquée par la plénitude.
Elle est autrichienne ; il est hongrois.
Elle est riche ; il est pauvre.
Elle a vingt cinq ans ; il en a cinquante.
Du coup de foudre de la rencontre à la dernière ligne du livre, tout va très vite. L'apprentissage de l'autre est pavé de mauvaises intentions. Tout les oppose, tout est là pour susciter le rejet, la guerre, les luttes d'influence et de valeurs... Mais une seule phrase sous-tend l'ouvrage: “Il semble que de la même façon qu'il est impossible de décider de tomber amoureux, il soit impossible de choisir de s'en relever.”
Les différences sont affrontées les unes après les autres, comme pour mieux les dépasser. “...le rapport amoureux, dit la narratrice, est d'abord l'expérience confondante de l'intimité partagée avec l'altérité.” C'est un peu irréel certes. La puissance de l'amour, contre toute attente, ne serait plus vouée à l'usure.
L'écriture est fluide. Les pensées de l'un et de l'autre sont décrites en italique. Les commentaires resituent l'histoire par le regard extérieur de l'auteur sur ses personnages. Un instant, des années de grâce dans une vie secouée, Le dernier amour d'Attila Kiss est comme une ode au bonheur ou l'impérieuse nécessité de vaincre les obstacles par le rapprochement des êtres et des corps.
Le dernier amour d'Attila Kiss, Julia Kerninon, Éditions du Rouergue, 123 pp., 13,80€, ISBN: 978-2-8126-0990-9.