La balade nationale, de Sylvain Venayre et Étienne Davodeau

Publié le 22/06/2018 par Patrice Lumeau
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Une épopée, La balade nationale, sous titrée Les origines, s’interroge de manière originale sur la naissance d’un pays, la France, et comment cette identité s’est construite jusqu’à aujourd’hui. Lecture de Patrice Lumeau.

Cher pays, douce France : en quête d’identité

Cet album ouvre une série audacieuse : une histoire dessinée de la France en 20 volumes, concept qui associe pour chaque album un historien et un dessinateur. Pour ce premier album on retrouve le directeur de la collection et historien, Sylvain Venayre, et le dessinateur Étienne Davodeau, natif des Mauges.

La force de l’album tient dans son irrévérence apparente, qui cohabite avec un regard tout en interrogation. L’essentiel du propos s’appuie sur la construction de notre Histoire qui bien sûr diffère du point de vue d’un Pétain ou d’un Michelet. Sans oublier Molière, Jeanne d’Arc, Marie Curie et le général républicain Alexandre Dumas. 

Ces personnages embarqués dans un monospace (l’historien Michelet au volant), entament un tour de la France d’aujourd’hui. Les auteurs, coscénaristes, ont fait le choix de rassembler des symboles forts de l’identité nationale. Mais c’est quoi l’identité nationale ? Tel est le leitmotiv qui va émailler le périple de nos héros. Parité consentie, deux femmes pour trois hommes, le quatrième homme on ne le verra pas de tout l’album. Il voyage dans son cercueil, à l’arrière du véhicule, Pétain. Le cercueil restera fermé, comme une hantise à soulever le couvercle ? Mais on l’entendra, le maréchal, un peu trop au goût des autres protagonistes.

Les auteurs prennent le contre-pied du manuel et prouvent que s’amuser et apprendre se marient harmonieusement. Si parfois le texte peut sembler bavard, il s’avère très riche, nécessaire pour ouvrir la réflexion du lecteur quant à la construction (l’édification ?) de l’identité française.

L’humour ne manque jamais de pointer. Quand Jeanne d’Arc déclare ne pas garder un bon souvenir de la région normande, Molière ne peut s’empêcher d’ajouter “Un souvenir cuisant ?”

“Remettre en cause les icônes nationales, remettre en cause les images d’Épinal pour comprendre la France d’aujourd’hui”, est l’objectif de Sylvain Venayre. Au cours du voyage, nos héros nationaux croisent Ziad, migrant syrien, le soldat inconnu et sans doute Vercingétorix. Davodeau revendique  “une forme totalement fantaisiste pour un sujet extrêmement sérieux et documenté”.

Irrévérencieux et drôle, l’ouvrage dessiné est complété par un dossier où sont présentés plus en détails les personnages historiques de la balade, suit une réflexion sur la frontière, la puissance de l’image, les origines du pays. Ce duo historien/dessinateur signe avec ce premier numéro une belle réussite, qui sans doute trouvera sa place sur les bancs des écoles.

La balade nationale, de Sylvain Venayre et Étienne Davodeau, Éditions La Revue dessinée, La Découverte, 128 p., 22 €, ISBN: 979-10-92530-40-7. 

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