Quand une femme écrit de l’espionnage... Stéphanie Aten s’attaque avec brio à ce genre littéraire très masculin.
Un roman d'espionnage écrit par une femme, c'est rare. Très rare. Le genre revient à la mode, mais comme par le passé, il est majoritairement pris d'assaut par les auteurs masculins, comme si la testostérone restait un ingrédient indispensable à un livre réussi.
Avec La 3e guerre, Stéphanie Aten, scénariste de profession, née et résidant en Anjou, démontre le contraire. Et non seulement d'aucuns la compare à Ian Fleming, mais de surcroît, elle apporte cette touche d'émotion, d'envergure, de profondeur du propos, qui donne à son livre un souffle épique rarement développé ailleurs.
À travers une mystérieuse organisation citoyenne baptisée “3”, déterminée à renverser le joug d’Élites devenues mégalomanes et délétères, La 3e guerre nous fait plonger dans une analyse critique de notre société, et dans un vaste combat pour la liberté.
Aten Daleth, agent spécial travaillant pour la plus grande armée privée du monde, est chargé d'infiltrer “3” et d'en identifier les principaux artisans. Mais sa confrontation avec ces derniers va profondément le bouleverser, et le forcer à s'interroger sur sa propre humanité. Baladé de Genève à Jérusalem, du Bangladesh à l’Équateur, il se retrouvera contraint de choisir un camp. Celui des “petits”, ou celui des Puissants.
La narration est étonnante, car elle mêle avec virtuosité réalité et fiction, floutant les frontières entre le vrai et le romancé, et nous amenant du même coup à nous poser des questions sur ce que nous lisons, à nous renseigner sur le contenu de cette histoire. Un chroniqueur du Salon littéraire a qualifié le roman de “fiction informative”, un autre de “thriller épique”… Et lorsque l’on sait que Stéphanie Aten a eu recours à l’appui d’un ex-agent spécial pour élaborer cette histoire, la lecture n’en devient que plus… perturbante.
Il s’agit donc d’un livre atypique, dont l’écriture fusionne efficacement le Yin et le Yang, et dont le propos s’inscrit avec intelligence dans l’actualité mondiale. Il nous sort de notre passivité de lecteur, pour nous projeter dans un monde de réflexion et d’aspirations...
Stéphanie Aten, au même titre que Robert Ludlum ou Tom Clancy, est donc une auteure à suivre : “Une société sans rêve, est une société sans avenir”, dit-elle en citant Carl Jung. “C’est la raison pour laquelle j’écris. On a tous une petite pierre à apporter dans la construction de notre société. La mienne, c’est d’alimenter l’inconscient collectif pour empêcher que les choses se figent”.
Sa prochaine publication se fera elle aussi aux Editions Hélène Jacob, petite maison qui n’en finit plus de monter, et s’adressera cette fois aux « young adult », à travers une saga intitulée Les Enfants de Pangée.
La 3e guerre, de Stéphanie Aten, Editions Hélène Jacob, 536 pp., 23,45€, ISBN : 978-2370111982