Quelques questions à des écrivains en résidence en Pays-de-la-Loire, automne 2015
"J'y pense comme à un rendez-vous quasi amoureux, un blind date, même, excitant et perturbant" (Carole Zalberg)
Après Emmanuel Adely, Eric Pessan, Patrick Goujon, et Jean-Pascal Dubost les années précédentes, c’est une auteure que la Ville d’Angers accueille en résidence d’écrivain : cet automne 2015, Carole Zalberg (auteure de plusieurs livres chez Actes Sud, Albin Michel, ainsi qu’aux éditions du Chemin de Fer) proposera aux Angevins des rencontres, des lectures, des ateliers d’écriture et une exposition.
La résidence se déroulera à la bibliothèque des Justices du 1er octobre au 30 novembre. Carole Zalberg est auteure de romans pour adultes et pour enfants, de poésie et de chansons. Elle a récemment publié l’intense Feu pour feu (2014) chez Actes Sud, récit d’un exil et d’un drame, d’une filiation douloureuse. Le texte se tient sur un fil, parvenant à une forme d’impossible – celui d’allier un certain lyrisme à une forme d’enregistrement du réel (d’un réel douloureux), dans les mots d’aujourd’hui. Ce texte brûlant (sans mauvais jeu de mots) sera notamment lu en public, en duo avec le musicien Titi Robin (vendredi 13 novembre à 19h – Maison de quartier Le Trois- Mâts (place des Justices – Angers).
Cet événement et les autres seront annoncés et relayés sur les sites et pages facebook de la BM d’Angers. Carole Zalberg, à l’instar de ses prédécesseurs, animera un blog durant la résidence. Avec elle nous entamons une série de mini-portraits de résidents, en amont ou à l’orée de leur temps de présence, leur demandant ce que cela apporte, change, et fait trembler en eux. Entretien :
Carole Zalberg, Qu’attendez-vous de cette résidence ?
Carole Zalberg :Très concrètement, du temps, justement. Ou du moins un temps différent. Le simple fait de changer, durant une assez longue période, d'organisation implique que les plages d'écriture se modifient, prennent en quelque sorte une autre consistance. Il y a bien sûr de grandes chances que ces deux mois loin de mon quotidien de mère, d'épouse, de secrétaire générale de la SGDL m'offrent plus de temps d'écriture. Mais même si ce n'est pas le cas, parce que la résidence est plutôt dense en matière de rencontres, de performances, etc, le changement ne peut que produire une condition plus fertile, ouverte, plus réceptive parce que sans doute un peu fragile. On rebat les cartes, d'une certaine manière, avec ce que cela induit de risque et de nouvel élan.
Que ressentez-vous, qu’attendez-vous du lieu envisagé (la ville d’Angers avec un point de mire la tapisserie de l’Apocalypse), où vous allez résider ?
Carole Zalberg : Le lieu, je le connais très peu et, là encore, cette étrangeté est une promesse de redéfinition, par réaction, de l'espace intérieur, de découvertes et de tissage (ou non) de liens qui sont déjà une forme d'écriture, d'inscription. J'ai volontairement évité de me renseigner sur Angers, son atmosphère, son histoire. Je n'ai pas non plus cherché à voir la fameuse tapisserie qui doit faire naître un texte. Je veux arriver aussi disponible que possible à la surprise, aux interrogations et à l'invention.
En quoi s’inscrit-il dans votre horizon d’écriture ?
Carole Zalberg : Précisément, il ne s'y inscrit que comme un à venir, oscillant encore entre imaginaire et réel. J'y pense comme à un rendez-vous quasi amoureux, un blind date, même, excitant et perturbant (dans le sens intéressant et riche du terme). C'est uniquement à partir du moment où la résidence débutera, à ce moment comparable à celui de la mesure lors d'une expérience scientifique, qu'il y aura "quelque chose" où puiser, fouiller, flotter, sur quoi buter au contraire, tous ces états indispensables à la naissance de la fiction.
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