Rencontre avec Martina Pacifici, future gérante du café-librairie Les Boucaniers.

Publié le 08/01/2020 par Solène Bauché
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En 2020, le café-librairie Les Boucaniers ouvrira non loin des Machines. Tenu par une poignée d’éditeurs BD de la région nantaise, le lieu promet de redonner de la visibilité à des ouvrages originaux, qualitatifs, parfois subversifs, moins mis en avant dans les librairies traditionnelles. Rencontre avec Martina Pacifici, de la Librairie Invisible, qui sera la gérante du café.

Pouvez-vous nous parler de l'origine du projet ?

Depuis plusieurs années, il y avait des réflexions de la part de plusieurs maisons d’éditions sur le développement de leur marché, qui est restreint, les éditeurs indépendants ayant peu de visibilité. Les librairies traditionnelles fonctionnent beaucoup avec un système de nouveautés, ce qui oblige les éditeurs à participer à une course folle pour se renouveler. Quand j’ai lancé la Librairie Invisible, dédiée à l’édition indépendante, ça a éveillé l’intérêt, car elle fonctionne différemment. Si je découvre un livre publié depuis des années que je trouve magnifique, je le propose. Sur une idée de Maël (éditions Rouquemoute), cinq éditeurs ont souhaité approfondir cette méthode et s’émanciper de la course à la nouveauté. Ensemble, nous avons échangé sur nos problématiques et nos envies communes.

Quelles sont-elles, ces envies ?

Un café-librairie tenu par des éditeurs, c’est plus de ventes directes, moins d’intermédiaires, donc plus de fonds pour se développer. Un café, c’est aussi un lieu d’échange. Comme pour l’art contemporain, il y a dans la BD indépendante une part expérimentale. Dans ma librairie, j’adore expliquer les démarches derrière un livre et le public y est réceptif. Cet espace pour échanger sera aussi très important chez les Boucaniers : prendre un café, dans un endroit chaleureux pour parler de microédition, plutôt qu’un simple lieu de passage. 

Quelles difficultés peuvent rencontrer les éditeurs indépendants en l'absence d'initiatives comme celle-ci ?

Si on veut imprimer localement, obtenir un produit beau et qui reste accessible, les coûts sont importants. Il faut se dégager une marge suffisante pour continuer à publier de nouveaux projets. De plus, certains livres sont difficiles à classer, ils peuvent être à la fois jeunesse, satire politique… Les libraires peinent à leur trouver une place en rayon et aussi à les vendre.

Ce café-librairie s'annonce comme un haut lieu nantais de la BD. Quel type d'événements prévoyez-vous d’y tenir ?

Il y aura des expositions, des rencontres, des dédicaces… L’espace est magique, mais aussi stratégique géographiquement parlant, on peut toucher à la fois les Nantais et les touristes. C’est un projet qui naît, on s’adaptera au fur et à mesure.

 

Pour soutenir l’ouverture du café-librairie Les Boucaniers, une campagne de financement participatif est en cours : https://fr.ulule.com/cafe-librairie-boucaniers/