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« Cher pays de notre enfance », une bd-enquête qui fait événement : rencontre publique le 9 octobre à 19h. au grand théâtre d'Angers, avec les deux auteurs et l’avocat Pascal Rouiller
L’avocat Pascal Rouiller, spécialiste en droit pénal, interviendra durant ce débat », nous apprend le site acr-avocats. Leur table-ronde portera sur les grandes affaires des années 1960-1970 (dont l’affaire Boulin, l’assassinat du juge Renaud…). L’événement est de taille, car cette enquête (qui fut publiée en épisodes dans La revue dessinée) est hors du commun.
« Un documentaire ? En bande dessinée ? Allons bon… » Robert Daranc, le premier des interviewés, résume le défi que se sont lancé les deux reporters. La balade proposée dans la Douce France évoquée par le titre n’est pas vraiment une promenade de santé et raconter une telle enquête en dessins tient de la gageure. Elle commence effectivement dans le « cher pays de notre enfance » - celui des actuels quinquas, celle des années 70 - un pays pas vraiment tranquille. Y sévit le SAC, service d’action civique de sinistre mémoire pour la génération du babyboom. Central dans l’histoire de France récente il reste encore aujourd’hui difficile voire dangereux d’en parler ou d’en déterrer les affaires.
C’est le pourquoi de ce livre. Nous rafraîchir la mémoire.
Les deux auteurs démontent minutieusement les rouages, présentent les personnes impliquées, la constitution de cette pieuvre à la sauce mafieuse et expliquent clairement comment on en est arrivés à une situation où les gouvernements seront tous dans l’obligation de composer avec cette « association » créé en 1960 et dissoute officiellement en 1981. Et dont les membres infiltrent la police, l’ORTF, les syndicats, la justice… Pas très joli de voir comment les politiques frayent avec d’anciens barbouzes reconvertis en truands après l’Algérie pour « assurer l’ordre » et faire taire leurs opposants. Comment l’adéquation Pouvoir gaulliste + anciens de la Résistance + Algérie + Mai 68 aboutit à voir des caïds de la mafia assurer le rôle de gros bras de la « République ».
Hold-up du siècle, trafic d’armes, racket, fausse monnaie, intimidation, passages à tabac, on a tous les ingrédients du polar, ce qui permet un rythme soutenu. Les auteurs ont remonté le fil en allant rencontrer anciens journalistes, greffière, commissaire, magistrats, membres du SAC, patron des RG, familles et amis des victimes, syndicalistes, avocat, cinéaste, et même possible assassin. Ils nous restituent ces entretiens, ainsi que leurs propres conversations sur le livre qu’on voit se faire. L’humour et le recul des auteurs sur certains personnages ou certaines situations (les interrogatoires absurdes de membres du SAC par une commission parlementaire) et sur leur travail lui-même donne aussi de la respiration dans ce portrait à charge d’une France peu glorieuse.
Les entrées à cette soirée se font sur inscription à la librairie le Repaire des Héros ou au Grand Théâtre d’Angers.
Elle sera suivie le 10 octobre par une signature d'Etienne Davodeau et Benoît Collombat à la librairie Le repaire des héros, à Angers (co-organisateur de ces rencontres avec partenaire de l’association Confluences Pénales de l’Ouest)