Quatre lycéennes en bord de mer

Publié le 11/09/2015 par Guénaël Boutouillet
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L'éditions 2015 du festival "Ecrivains en bord de mer" a aussi accueilli quelques jeunes filles en immersion littéraire, pour s'étonner réciproquement

Du festival Ecrivains en bord de mer, on connaît la longévité et la bonne réputation, basées sur une conjonction de qualités : qualité de proposition, qualité d’écoute, qualité d’accueil. L’édition 2015, largement (mais pas exclusivement, puisqu’on y parla aussi de Roland Barthes, d’Aragon ou de livres numériques) consacrée à James Joyce n’a pas dérogé à cette règle et à sa conséquence : une belle affluence, l’étonnement bien rassérénant de voir des salles pleines, mi-juillet en station balnéaire, à l’écoute d’une proposition littéraire ambitieuse.

Un bel étonnement fut aussi, pour l’équipe organisatrice et les auteurs invités, de côtoyer chaque jour, dans la Chapelle où se déroulent les lectures et débats, comme au Saint-Christophe, hôtel baulois historique ou Joyce lui-même séjourna à l’automne 1939, une grappe de jeunes filles attentives, pour ainsi dire studieuses – et de les croiser encore et encore, à chaque débat d’un festival dense en propositions.

Ces quatre jeunes filles (Nolwenn Allain, Candice Mortier, Salomé Guillon, et Ella Benâtre, encadrées par Mathilde Harel), venues de Machecoul, Guérande ou Château-Gontier, ne se connaissaient pas toutes avant cette semaine ; elle ne sont pourtant pas là par hasard. Leur présence s’inscrit dans la continuité du prix des lycéens et apprentis en Pays-de-la-Loire (dont l’organisateur du festival, Joca Seria, est aussi chargé de la mise en œuvre), pour tenter d’aller plus loin encore, de n’en pas rester là, et de provoquer la rencontre entre les lecteurs et la production la plus contemporaine.

Toute la semaine, en sus de la programmation elle-même, la bande des quatre a également profité chaque matin d’une session de deux heures de formation libre avec un des invités ou participants au festival : la romancière Marie Nimier, le critique Alain Nicolas, la comédienne Sophie Merceron se sont succédé pour leur faire découvrir d’autres facettes de l’écriture et de la lecture.

Ayant eu la chance de me glisser dans le salon de l’hôtel Saint-Christophe durant cette séance de workshop avec Sophie Merceron (dont une petite minute de capture audio, ci-dessous, permet de saisir la teneur), j’ai été très impressionné par la qualité de ce travail, par son exigence frappante. Et ce jeu de voix, qui se partageait entre la professionnelle et les jeunes, était pour moi aussi une stimulante manière de lire autrement le texte de Joyce, de lui rendre sa vigueur, ses couleurs, ses contrastes :

« Je crois que toutes, on s’est bien amusées à le lire – on peut en fait en lire quelques pages, et se dire que finalement, c’est drôle – et pas si difficile que ça à lire », témoignent-elles.

Les mêmes se sont, successivement, produites sur scène l’après-midi – Sophie Merceron pour une lecture à la table, et nos lycéennes pour cet exercice choral travaillé le matin même. Belle gratification, belle circulation, bel apprentissage avéré.

À écouter et visionner ci-dessous. (Les vidéos sont extraites de la page de l’organisateur Joca Seria, où on peut visionner des temps forts des éditions passées du festival comme du prix littéraire)

3 - Sur scène

4 - Sophie Merceron lit le monologue de Molly Bloom (extrait d'Ulysse), de James Joyce