Jeudi 14 juin, à la Manufacture des Tabacs - NANTES, France
Si Le rendez-vous de l’image éditée a occupé, et bien occupé, la journée du mercredi 13 juin, nous avons bénéficié d’un joli prolongement le jeudi 14, en prime time de soirée, avec l’intervention d’Olivier Texier.
Son intitulé avait vraiment de quoi titiller, champagniser les esprits : « les secrets des métiers de l’illustration révélés en moins de 10 minutes ! Speed conférence pour découvrir de manière décapante le dessous des cartes de la vie d’illustrateur ». Et ce fut effectivement un super moment, vif, enlevé, drôlement caustique, agréablement acide, très pétillant, avec, évidemment… plein de bulles.
Pour cette CGV, conférence à grande vitesse, Olivier avait remisé estrade, pupitre, spots, micro et dossier de notes et choisi un attirail plus rudimentaire, en plus grande proximité avec son public : un simple paperboard et un jeu de feutres. Avec sa fière casquette, ses saillies de langage et ses dessins pleins de verve, c’était plus qu’il n’en fallait pour empoigner et réjouir son auditoire.
Tout a pourtant commencé par un constat tristounet : réaliser des albums de BD n’a rien d’une ruée vers l’or, loin s’en faut. On est plus près du refrain de la chanson de Coluche : « Misère, Misère ! ». Il y a bien sûr le grand bonheur de créer, de porter un projet artistique à terme ; mais, comme l’a montré le speed conférencier, diviser la somme que rapporte un album de BD par le nombre de planches réalisées et le nombre d’heures passées, c’est au final recueillir une poignée de cacahuètes. Alors ? Renoncer ? S’insurger et s’adonner aux noirs dessins de la colère ? Non ! Non ! Le choix malin d’Alain a été, dans une démarche très pragmatique, de tirer parti des contraintes économiques, pour peaufiner son art graphique, poser ses principes de création. Une planche ne « vaut » que quelques euros et donc quelques minutes de travail : apprenons donc à trouver les moyens de la réaliser vite et efficacement.
Et s’en est suivie une hilarante séance de travaux pratiques à laquelle a été conviée l’assistance toute entière. Difficile de restituer le joyeux délire qui s’est emparé de la salle, mais quelques moments, quelques images demeurent.
La première feuille du paperboard écartelée en quatre grandes cases, il a d’abord fallu trouver un « sujet », le conseil d’Alain étant de choisir quelque chose de jamais représenté afin de ne pas risquer une comparaison désavantageuse. Quelqu’un a lancé : « une mouche !». Pas si neuve que cela l’idée, mais une petite fille a trouvé l’attribut capable de singulariser la bestiole : un chapeau. Va donc pour la mouche chapeautée ! - Où est-elle ? - Dans l’espace ! Cela permet de faire simple et VITE avec quelques petits picotis de planètes en arrière-plan de la première vignette. - Que fait-elle ? - Va à un mariage ! On a notre deuxième image : deux coléoptères hâtivement endimanchés devant un extraterrestre ceint de son écharpe d’élu. Attention à la troisième vignette, il faut, dit Olivier, préparer la fin, la chute. Ce sera la question du maire demandant si quelqu’un s’oppose au mariage pour, dernière image , entendre la mouche crier : « oui, moi ! » et voir l’union annulée.
Il y a eu ensuite une deuxième histoire avec, fantaisie de l’imagination collective, un chat-limace, eh oui, malheureux en diable, attendant la pluie de croquettes-salades sur la ville. Occasion de tracer à la hâte un décor d’immeubles car, nouveau conseil d’Alain : il faut dessiner en premier ce qui est le plus important et, toujours, le plus rapidement possible. Les gros plans sur Chalimace permettent ensuite d’économiser une reprise du cadre urbain. Dans la dernière vignette, déception ! Il s’avère que les croquettes végétales sont tombées de l’autre côté de la ville, au grand dépit du petit monstre affamé.
Et pour terminer ce joyeux remue-méninge de BD, un dernier scénario avec du neuf, du jamais dessiné : un extincteur ! Et l’incendie qui se déclare, avec le dialogue plein de flamme entre le feu et l’appareil !
Le titre-programme de la speed conférence ne mentait vraiment pas ! On a tout eu, et même au-delà : aperçus « décapants » sur la vie d’illustrateur, astuces et savoir-faire de dessinateur, agilité graphique, bonne humeur et drôlerie communicatives. Merci Olivier !
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