Emmanuelle Pagano, une résidence au fil des eaux

Publié le 07/05/2015 par Guénaël Boutouillet
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Emmanuelle Pagano était en « résidence partagée » en Vendée, en janvier et février 2015, où elle est revenue régulièrement durant ce printemps 2015. Au même moment (en février) a paru Lignes et Fils, splendide roman des rives et des eaux, chez P.O.L.

Le rapport entre ce livre et ce séjour dans les bocages et les marais dépasse de loin l’ordinaire promotion d’un ouvrage. Car pendant qu’elle présente, notamment, ce livre au public, elle se documente alentour sur d’autres aspects de la vie des hommes et des femmes avec et par l’eau : « La Trilogie des rives », ce sont trois fictions autour de la relation de l'eau et de l'homme à leur point de jonction (les rives). Le premier volume, Ligne et Fils, concerne les rivières et les moulinages, les deux autres volumes s'intéressent aux lacs de barrages et aux différentes retenues d'eau (vol. 2), aux fleuves, estuaires, mers, océans, marées et marais (vol. 3).


«C'est pour cette partie-là que je suis venue en Vendée. J'écris souvent un roman pendant que je fais des recherches pour le suivant, et ce, en marchant (la veille s'effectue principalement en marchant, je marche en étant aux aguets, en quelque sorte). J'écris en général le matin (en ce moment, le vol. 2) et je marche l'après-midi : dans le marais (à Luçon), sur les plages et dans les forêts littorales (à Saint-Jean-de-Monts et Saint-Hilaire-de-Riez), pour faire les «repérages» nécessaires au volume 3 »,

explique-t-elle.

Fascinant travail d’aller et retour entre le travail accompli et celui à venir, pour l’auteur, et judicieuse façon qu’ont eue la Maison Gueffier et ses partenaires d’inventer une forme assez inédite de séjour. Car, au-delà de cette joliment étrange dénomination, « résidence partagée » qui pourrait évoquer la « garde alternée» des enfants de divorcés, il s’agissait bien pour elle de passer du temps à La Roche-sur-Yon, puis Luçon, Saint-Jean-de-Monts, Notre-Dame-de-Monts, et Saint-Hilaire-de-Riez.

Écrire, tout en se documentant pour le suivant, et en parlant du précédent, être dans les temps simultanés de l’écriture, de son récit, et du projet qu’elle porte. Belle simultanéité, symbolique, aussi bien du travail de l’écrivain, que de ce travail au long cours, dans les territoires que produisent les lieux de « vie littéraire » comme la Maison Gueffier.