Parution le 15 septembre chez Talents Hauts des deux premiers volumes de la collection « Les Héroïques », des romans historiques - et militants - destinés aux adolescents. Ce projet est rendu appétissant par le travail de deux nantaises de talent, Marie Rébulard à la direction artistique et Julia Wauters à l’illustration des couvertures. L’intelligence collective à l’oeuvre pour revisiter le genre.
Chez Talents Hauts, on est militant de la différence et des égalités. La collection « Les Héroïques » a l’ambition de donner « un nom, un visage, une voix » à des anonymes au destin singulier, de faire voir comment l’individu peut, à sa petite échelle, contribuer à changer le monde…
Marie et Julia ont travaillé main dans la main avec l’éditrice pour donner envie aux ados de rentrer dans les récits. Le défi ? Trouver comment traiter un récit historique pour teenagers sans être « ringard ». Pour se démarquer de la norme visuelle pour cette littérature, elles partent du constat que les couvertures sont majoritairement illustrées avec de la photographie, trop descriptive à leur goût.
Le choix d’une couverture dessinée s’est donc imposé rapidement. Et voilà deux premiers tomes identifiables au premier coup d’oeil. D’abord un jeu typo très fort, très présent, qui évoque les titres de presse et se joue des maquettes trop « ados », parfois très bavardes.
Ensuite place est faite à la couleur, incroyablement présente, et différente pour chaque histoire. Simplifier, ne pas encombrer le lecteur tout en gardant du rythme. Une démarche soulignée par la technique picturale qui donne un côté « artisanal » et une présence de la texture où on reconnait la patte de Julia Wauters. Tout cela parle de cette volonté éditoriale d’être proche de l’humain.
Ainsi chaque couverture, qui grâce aux rabats se déploie en un grand tableau, est une image tendant à l’abstraction, un zoom sur le territoire où se déploie l’Histoire. Le choix ici est de ne rien nous raconter de précis dès la couverture, mais de suggérer plutôt le contexte (la mer agitée de l’île de Sein) et pas un personnage en particulier. Une invite qui prend encore plus de sens après la lecture.
Et puisque nous sommes des créatures sensibles, le toucher de l’objet a été réfléchi. Le choix d’un pelliculage mat donne un objet doux, à la prise en main délicate, avec un papier intérieur qui a du grain, et nous dit que nous sommes aussi en littérature (ce que nous aura suggéré l’écriture des titres de ces romans). Les rabats donnent un côté « fini » qui permet aussi de dérouler la couverture en panoramique.
« On a choisi le papier pour que la tranche soit blanche et pas jaune, pour jouer avec les blancs du titre… » explique Marie Rébulard.
Du beau boulot, non ?
Des cailloux Ă ma fenĂŞtre, de Jessie Magana
ISBN 978-2-36266-160-0 - 160 pages - 14,8 x 21 cm - 14 €
Les mangues resteront vertes, de Christophe LĂ©on
ISBN 978-2-36266-169-3 - 160 pages - 14,8 x 21 cm - Un livre soutenu par Amnesty International