«Ecrire est une activité sociale. Un peu étrange, certes, mais peut-être pas autant qu’on veut le croire. D’ailleurs, on le croit de moins en moins. Tout livre a une portée sociale, politique, que son auteur le veuille ou non (…) Cela n’exclut pas cette sensualité que Barthes devinait dans l’écriture, la lecture. Les livres doivent être tourmentés par nos appétits. » (Eric Vuillard, entretien avec Thierry Guichard, Le Matricule des anges, septembre 2016)
L’appétit gouverne la langue et le projet littéraire d’Eric Vuillard, qui, de Congo à Tristesse de la Terre, ne lâche rien, en somme, ne cède ni sur le travail du texte ni sur les informations qu’il nous porte. 14 Juillet, paru cette rentrée, est encore un immense « petit » livre, empli, opulent, passionné et passionnant.
Nous pensons tous savoir ce qui s’est passé ce jour-là de l’été 1789, et en savons si peu — Vuillard nous y mène, et rend, ce faisant, un fier hommage au Peuple parisien en lutte. Il y a dans ce travail une forme de « restitution » aux pauvres de ce que dont la mémoire collective néglige un peu le souvenir : comment, s’attaquant à La Bastille pour y prendre la poudre nécessaire pour s’armer, la foule devient autre chose : un peuple, doté d’une intelligence collective.
Et ce qu’il fallait pour porter cette voix collective, c’est une langue. Celle de Vuillard est un sacré cadeau. (GB)
Participants
Guénaël Boutouillet
Invités d'honneur
Eric Vuillard