“En août 1978, pour 3 mois à Moscou, je m’achète un appareil photo Zénith. Je fais une pellicule, mais elle ne sera jamais développée, et donne l’appareil au retour . C’est aussi l’époque où je commence sérieusement à écrire, et pour moi l’écriture est ce qui doit fixer l’image dans la langue. Je craque seulement 25 ans plus tard, lors de voyages en train hebdomadaires Paris-Nancy, emportant chaque fois un appareil photo panoramique jetable à 12 vues. En 2003, c’est l’essor de mon site qui me pousse à y intégrer l’image en tant que telle: de 2003 à 2013, environ 10 000 images archivées, ça veut dire quoi. C’est la narration web, récurrente et quotidienne, qui va déterminer ma pratique, lui donner une progressive autonomie, jusqu’à étouffement : 2013, trois jours en Chine, 600 images mais quoi en faire. Les questions sur l’éditorialisation de l’image numérique sont alors devenues indissociables des pratiques réseau (développement d’Instagram par exemple) et d’une time line non plus verticale (le texte déroulé, les images par l’ascenseur) mais emboîtée dans un frame: je passe alors progressivement à la vidéo. Avec un nouvel univers de questions; comment le texte et l’image avalés ensemble, rapport au réel et invention narrative, l’apport de Vilèm Flusser et quelques autres pour tenter de le comprendre.”
François Bon est né en Vendée en 1953. Publie son premier livre (aux éditions de Minuit) en 1982. Fonde son site Internet, qui deviendra www.tierslivre.net, en 1998. Enseigne actuellement l’écriture créative à l’École nationale supérieure de Paris-Cergy.