Un ouvrage jeunesse qui, comme les meilleurs du genre, allie une idée folle et une profondeur d’analyse des plus enviables.
Un immeuble qui aurait le vertige ? C’est une image, une métaphore ? Oui - et puis non, tout autant. Il est permis de l’entendre au premier degré, le titre de ce court roman à destination des préados, signé Coline Pierré, jeune auteure basée à Nantes.
En effet, l’immeuble neuf, de vingt étages, dans lequel s’installent la jeune Hannah et ses parents est animé. Animé, et donc : angoissé. Oui, car, quelle serait une vie sans tremblement, sans peur, sans émotion ? Quelque chose d’aussi triste qu’un programme immobilier peut-être…
Or, cet immeuble-là n’est pas un simple bloc posé parmi d’autres blocs, il est doté d’une âme, en bonne logique, puisqu’on lui a donné un prénom : il s’appelle Hector, en mémoire du chien mort du maire de la ville.
Hector est donc haut, spacieux, élégant et confortable, se disent-ils tous, habitants et voisins… jusqu’à ce grand tremblement qui le prend. De régulières et fortes secousses s’emparent de lui, l’ébranlent de la base au sommet. Nul ne parvient à les expliquer ; un bataillon d’experts se relaie, invoquant les esprits comme la science, sans jamais avancer une explication qui se tienne.
C’est la sagace et impertinente Hannah qui fera preuve d’assez écoute et d’imagination pour inventer ce vertige bien réel. Il faudra alors s’armer de courage et de solidarité pour trouver une solution acceptable et confortable pour tous.
On ne la dévoilera pas, mais ce remède fait une belle métaphore, doucement et subtilement politique – et repose aussi, dans un sourire, en douceur, sans avoir l’air d’y toucher, quelques questions relatives à nos vies ensemble, aux espaces où on les loge.
Coline Pierré, L’immeuble qui avait le vertige, Editions du Rouergue jeunesse, collection Dacodac, illustration de couverture de Loïc Froissart. Sorti en avril 2015, ISBN