Pour faire honneur à la production locale, la poésie se lit, s’expose et se partage à Rochefort, un verre à la main, dans une ambiance détendue. Reportage.
Ce week-end se tenait le marché de la poésie à Rochefort-sur-Loire, petite ville du Maine-et-Loire de 2300 habitants, labellisée "Village en poésie" La ville abrite le Centre poétique de l’école de Rochefort et accueille tous les deux ans un poète en résidence. Un nouvel intitulé, "Poésies croisées", un programme repensé et un partenariat élargi ont été mis en place à l’occasion de cette 17ème édition, organisée conjointement par la municipalité, par le Centre poétique et par des passionnés de littérature réunis au sein de l’association Rochefort en poésie.
Le marché s’est ouvert en musique à Bouchemaine aux Boîtes à culture, un tout nouveau partenaire. Il s’est clôturé dimanche après-midi avec les poètes Ludovic Degroote, Patrick Dubost, Lou Raoul, Corinne Le Lepvrier et le musicien de Lo’Jo, Kham Meslien.
Un programme riche, donc, qui a vu alterner musique, spectacle, rencontres et débats.
Dimanche après-midi une belle effervescence règne dans la cour de l’école primaire et la salle communale qui accueillent le marché. Les lectures croisent les voix de Patrick Dubost, ou du poète Armand (on ne sait pas très bien qui est qui) et celles d’enfants de l’école primaire qui lisent des textes qu’ils ont écrits sous la conduite de l’auteur en résidence depuis avril, Lou Raoul ou encore les textes que les habitants ont déposés dans le collecteur de vers.
En clôture, c’est Lou Raoul qui croise sa voix à celle de Corinne Lepvrier qu’elle a invitée pour une carte blanche.
25 éditeurs de poésie, locaux ou qui publient des auteurs de la région ou encore amis fidèles, –La Dragonne, Rougerie, Le chat qui tousse, Les mots migrateurs, Isabelle Sauvage, etc… –tiennent salon dans la salle communale.
Dès l’entrée, impossible de rater l’association La Marge et ses livres réalisés sur des matériaux de récupération, dans la tradition des cartoneras d’Amérique du sud. Les textes sont d’auteurs locaux –Léon Layon, Francis Krembel auteur et éditeur (Editions Traumfabrik)- ou sont traduits d’auteurs de langue espagnole issus de la mouvance cartoneras. Au stand de la librairie Contact c’est le très accorte David Dumortier qui accueille le public et assure sa promotion avec talent et humour. Un peu plus loin Jean-Claude Bernard des éditions cannoises Encre et Lumière présente ses réalisations : un magnifique livre d’artiste qui réunit un texte de Philippe Rahmy et le travail de la plasticienne Sabine Oppliger.
Sur la scène sont exposées les Poémétals de Guypierre, sculpteur sur métal toulousain qui a réalisé des œuvres monumentales, mises en place sur des ronds-points et dans l’espace public de plusieurs villes.
Le stand de l’atelier de Villemorge accueille en amie l’auteure angevine Frédérique Germanaud pour ses 90 motifs ou encore Vianet. La lettre parus en 2014 à la clé à molette. A côté, Nelly Buret a ouvert ses délicats carnets et livres d’artiste. Cette plasticienne angevine travaille sur la mémoire familiale. Elle assemble broderies et papiers d’archives personnels ou qu’on lui a confiés et qu’elle mêle à un travail à l’aquarelle.
Un peu plus loin encore, les maquettes très graphiques et colorées des éditions Impeccables, installées à Falaise, attirent l’œil : son catalogue est éclectique. Les contemporains Serge Sautreau et Nadine Laporte voisinent avec Mario de Sa-Carneiro, un proche ami de Fernando Pessoa. Pour faire honneur à la production locale, la poésie se lit, s’expose et se partage à Rochefort, un verre à la main, dans une ambiance détendue. Et enfin comme le veut la tradition, la poésie est ici de longue date une affaire de résistance et à Rochefort elle résiste plutôt bien !