Au jardin des origines
Sept années nous séparent de l’exposition consacrée à Adam Nidzgorski, initiée par Antoinette Le Falher au MANAS, musée d’art naîf et des arts singuliers, où une part belle fut faite aux œuvres textiles. Adam garde un excellent souvenir de son passage à Laval, affirmant régulièrement vouloir y revenir. Amis de longue date, nous nous fréquentions déjà au début des années 1990 du côté du marché de la place Jeanne d’Arc à Paris, avec en partage la création artistique et la Pologne où je venais de passer trois ans. Je me promettais de le faire revenir à Laval, Adam me rappelant qu’il commençait à prendre de l’âge !
Depuis l’exposition de 2014, j’ai continué de suivre l’itinéraire artistique d’Adam Nidzgorski, renouvelé et enrichi de nouvelles œuvres et découvertes. Notre association CNS a souhaité proposer cette année un éclairage sur son travail avec des œuvres phares de son parcours, et les mettre en relation avec le travail d’autres artistes, en jouant avec les différences et les ressemblances.
L’univers féminin compte pour beaucoup dans la vie d’Adam, lui qui entretient avec les femmes une relation de confiance et d’attirance mêlées. Avec elles il a tissé l’écheveau d’une riche coopération, que ce soit dans le domaine du sport, dans l’entraînement des premières équipes féminines de gymnastique ou de judo en Tunisie et en Pologne, ou dans la création artistique, avec les œuvres textiles cousues main par sa femme Catherine ou bien la rencontre dans les années 1980 avec des tisserandes tunisiennes ainsi que la collaboration avec Zina Mbarek à qui il confie des œuvres originales pour qu’elle en restitue une version tissée. L’exploration d’autres possibilités textiles s’est étendue à d’autres collaborations, certaines masculines, notamment avec l’artiste François Yémadjê, qui lui a fait découvrir les appliqués béninois, assemblages de tissus avec des points discrets, et avec qui plusieurs œuvres ont été réalisées.
Partant de sa complicité avec le travail des femmes, nous avons eu l’idée d’entourer l’œuvre d’Adam de celle des trois créatrices et de proposer, comme nous aimons le faire, un dialogue entre les œuvres, entre les artistes, avec le public.
L’association CNS a tissé un réseau de correspondance avec d’autres structures soutenant l’art non académique dans la région, principalement avec François Chauvet et le Hang’art à Saffré, Laurent et Laurence Fallot et leur association LFLF2015 à Saint-Malo-de-Guersac , mais aussi hors de la région le musée de la Création Franche à Bègles. C’est dans ces lieux que nous avons découvert et apprécié les trois créatrices sollicitées pour exposer avec Adam : Hélène Blondin, Delphine Cadoré, Caroline Dahyot. Nous poursuivons ainsi l’une des missions que nous nous sommes données en faisant connaître localement des créateurs œuvrant hors du département, ces trois artistes étant exposées pour la première fois en Mayenne.
Nous avons sélectionné les œuvres présentées selon des correspondances possibles. La figure humaine y occupe une place de choix, sinon pour Adam toute la place.
Les quatre approches surtout interrogent l’acte de création. Acte unique, engagement de tout son être, qui fait dire à Caroline par exemple qu’elle n’est aucunement guidée par des considérations esthétiques mais par une recherche de protection, les éléments de son œuvre faisant figure de talismans. Même engagement pour Adam, chez qui l’acte de création intervient à un moment propice, celui de se sentir habité, d’être porteur d’une nécessité. Une fois l’œuvre accomplie, il aura la sensation d’être vidé après avoir tout donné. Nulle innocence chez lui, lucidité au contraire portée par des regards apeurés ou inquiets qui interrogent le monde, qui questionnent la vie.
Chez Delphine Cadoré une attirance pour les arts primitifs est manifeste. Ses créations oscillent entre récit des origines et conte de fées, ce que confirme la présence du loup, des oiseaux de nuit, présences totémiques de visages humains, postures rituelles magiques d’êtres hybrides. Ces représentations favorisent les constructions mentales nourrissant l’imaginaire. Les couleurs, intenses, évoquent les éléments constitutifs du monde en création, l’eau, la terre, le feu, l’air.
Avec ces quatre démarches c’est l’origine même de l’art dans sa conception intrinsèque qui est approchée. Avec elles, il nous est offert de sentir l’origine de tout acte créateur, l’œuvre dans toute son originalité, parce que, les apparences étant trompeuses, nul ne saurait se confondre ni se comparer avec autrui, nulle œuvre ne saurait se ressembler, chaque parcourt artistique, expression d’une sensibilité vécue intimement, ne peut se résoudre en comparaison.
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